Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a annoncé mardi que l'armée russe avait frappé des cibles en Syrie avec des missiles de croisière tirés pour la première fois depuis un sous-marin en Méditerranée. «Nous avons utilisé des missiles de croisière Calibre du ‹Rostov-sur-le-Don' depuis la Méditerranée», a déclaré le ministre, cité par les agences russes. Il a précisé que les frappes avaient visé «deux places fortes terroristes» près de Raqa, bastion du groupe jihadiste Etat islamique en Syrie. «Toutes les cibles ont été détruites», a déclaré M. Choïgou, indiquant que des infrastructures pétrolières, des dépôts de munitions et une fabrique de mines avaient été visés. «Le missile de croisière Calibre a une nouvelle fois fait preuve de son efficacité sur les longues distances», a-t-il noté. Avec ces tirs sous-marins, Moscou renforce sa panoplie d'options militaires dans la guerre en Syrie. Lors de bombardements antérieurs, des missiles de croisière du même type avaient été tirés sur des cibles en Syrie depuis des navires de guerre croisant en mer Caspienne. Le président russe Vladimir Poutine a relevé mardi que les missiles de croisière Calibre pouvaient être équipés de têtes nucléaires, tout en disant espérer que l'usage de la force nucléaire «ne sera jamais nécessaire dans la guerre contre le terrorisme». Les Etats-Unis, qui mènent leur propre campagne de bombardements en Syrie, et Israël, avaient été prévenus en amont que des frappes russes seraient effectuées depuis un sous-marin, a déclaré M. Choïgou. A Washington, le porte-parole du Pentagone Peter Cook a confirmé que les Russes avaient averti à l'avance la coalition de leurs tirs de missiles, dans le cadre de l'accord destiné à prévenir les incidents aériens en Syrie. Les Russes n'étaient en fait pas tenus de signaler ces tirs, le mécanisme de communication avec la coalition ayant été mis en place avant tout pour éviter les incidents entre avions, a-t-il précisé. «Nous apprécions» cette «mesure supplémentaire de précaution» des Russes, a-t-il dit. Un responsable américain de la Défense a par ailleurs affirmé que les Russes avaient également tiré des missiles mardi depuis des navires en mer Caspienne. «Des bombardiers à long rayon d'action venus de la base aérienne de Mozdok» en Ossétie du nord ont également été utilisés, a-t-il ajouté. Selon le ministre russe de la Défense, les avions russes ont effectué 600 sorties et détruit «300 cibles de différentes sortes» au cours des trois derniers jours. L'opposition cherche à s'unifier à Ryad Sur le plan politique, des représentants de l'opposition syrienne ont entamé des discussions mercredi en Arabie saoudite pour tenter d'unifier leurs positions en vue d'éventuelles négociations avec le régime de Damas, selon un média officiel. La réunion se tient à huis clos dans un grand hôtel de Ryad, placé sous haute surveillance. Le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel Al-Jubeir a accueilli les délégués, exprimant l'espoir que la réunion soit fructueuse. Il est alors parti et les participants ont commencé leurs discussions qui devraient se poursuivre jeudi. Ce rassemblement est sans précédent depuis le début en 2011 du conflit en Syrie qui a fait plus de 250.000 morts et poussé à l'exode des millions de personnes. La réunion de Ryad s'inscrit dans le cadre d'un processus international. Dix-sept pays et trois organisations internationales ont relancé fin octobre à Vienne un processus pour trouver une porte de sortie au conflit syrien: les chefs des grandes diplomaties mondiales --dont Etats-Unis, Russie, Arabie saoudite, Iran et les puissances européennes-- ont fixé un calendrier qui prévoit une rencontre à compter du 1er janvier entre représentants de l'opposition syrienne et du régime de Damas, avant un cessez-le-feu, la formation d'un gouvernement de transition dans les six mois et l'organisation d'élections d'ici 18 mois. La prochaine réunion internationale sous le format de Vienne devrait se tenir le 18 décembre à New York. Jusqu'ici l'opposition syrienne est apparue fragmentée et divisée.