La démocratie burkinabé a pris sa vitesse de croisière après l'élection de Roch Marc Christian Kaboré, élu comme président du pays des hommes intègres, dès le premier tour du scrutin du 29 novembre 2015 avec 53,5 % des voix. Le choix des électeurs n'est certes fortuit quand on sait que le nouveau chef d'Etat du Burkina Faso a été plusieurs fois ministre, Premier ministre, député, président de l'Assemblée nationale et du CDP (l'ancien parti de Blaise Compaoré) pendant dix ans. Puis il a l'apprentissage de l'opposition après la rupture en janvier 2014 avec son mentor, qui voulait changer la Constitution pour se maintenir au pouvoir. Ce qui allait d'ailleurs sonner le glas du régime qu'il avait si longtemps servi... A 58 ans, il est sûr que Roch connait à la perfection tous les rouages de la politique et de l'économie nationale. Ce qui constitue, à n'en pas douter, des atouts fort appréciables pour la nouvelle charge qu'il va bientôt étrenner. Cette victoire est, sans nul doute, celle du peuple burkinabè qui est resté debout pendant un an et ce, en dépit de l'adversité et les aléas de tout genre. C'est aussi la première fois que ce pays organise des élections ouvertes où aucun des candidats en lice ne bénéficie de ce que l'on appelle pudiquement la prime au sortant pour ne pas dire la prime au fraudeur pour aboutir au choix du Président le plus démocratiquement élu de l'histoire du Burkina. Déjà à peine que les résultats connus, le scrutin couplé (présidentielles et législatives) a le blanc-seing de la communauté internationale et de la majorité des Burkinabè car la transparence et le sérieux ont été au rendez-vous. Un honneur pour le Burkina, qui, depuis fin octobre 2014, est devenu le laboratoire d'une nouvelle démocratie en Afrique. Il est évident que les attentes sont grandes auxquelles doit faire face le nouveau Président dont, entre autres, la justice pour les martyrs de l'insurrection et du coup d'Etat, mais aussi dans le cadre des crimes économiques et des crimes de sang qui ont émaillé le gouvernement de M. Compaoré. Le président Kaboré devra mettre également en oeuvre les recommandations de la commission « justice, vérité et réconciliation » sans oublier les dossiers sociaux notamment l'emploi des jeunes. Mais au-delà de ce succès démocratique, qu'est-ce qui fait donc la particularité du Burkina Faso, pays d'Afrique de l'Ouest, avec 274 200 km2 de superficie, ses 16,9 millions d'habitants, pluriethnique, ses composantes religieuses (musulmans, animistes, chrétiens) à l'image des autres pays de la sous région ? Peut-on se le demander. Il appartient aux autres dirigeants du continent de répondre à cette interrogation. Toujours est-il que « Roch, inébranlable comme un roc » et les siens viennent de prouver que l'élection présidentielle n'est pas synonyme de guerre et de contestations ni des invectives mais juste une compétition d'idées et de programme contre programme. Une bonne leçon de démocratie, de tolérance et du vivre ensemble que l'on souhaite faire tâche d'huile en Afrique.