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Association marocaine de lutte contre la violence à l'encontre des femmes / Tour d'horizon avec Mme Chaoui Fatima Zohra / Sortir les violentées du gouffre
Le phénomène de violence à l'encontre des femmes est flagrant, surtout pour ce qui est de la violence conjugale. Les centres d'écoute, les centres d'hébergement des différentes associations font tout pour sortir les femmes de ce gouffre. Surtout, face à une absence totale des acteurs gouvernementaux concernés par la problématique, puisque, l'outil le plus pertinent pour contrecarrer ce phénomène n'est autre que le projet de loi contre la violence faite aux femmes, un cadre légal qui fera acte de prévention, de protection et de punition. Jusqu'à maintenant, aucun écho de la part du ministère de tutelle. Et c'est ce « néant » qui aggrave la situation des femmes violentées et qui permet la dislocation des familles et les enfants de la rue. La violence est en hausse et les ONGs ne trouvent d'autres alternatives, que le travail avec les bailleurs de fonds, pour un meilleur développement de ces femmes. En effet, il s'est avéré que rien ne vaut la prévention et l'autonomisation de la femme pour éradiquer ce phénomène de violence. Et c'est vers cette directive que les associations se dirigent pour « sauver » et protéger ce qui reste de dignité de ces femmes. Contactée à cet effet, Mme Chaoui Fatima Zohra, Avocate au barreau de Casablanca et Présidente de l'Association Marocaine de lutte contre la violence à l'égard des Femmes nous parle un peu de la situation des femmes violentées et des cas recensés depuis 1995. Le rapport de 1995 à 2015 parle des cas qui ont eu accès aux services du Centre d'écoute et d'orientation juridique et de soutien psychologique pour femmes victimes de violence, particulièrement le Centre de médiation conjugale fondé sur le genre à Casablanca. En d'autres termes, le bilan des services offerts aux femmes victimes de violence depuis une décennie. Si l'on ne prend que les quatre dernières années : en 2012, 1084 femmes violentées ont bénéficié de l'écoute, du soutien psychologique, de conseils, de l'assistance et de l'accompagnement juridique et administratif ; en 2013 : 1669, en 2014 : 1398 et en 2015 : 939 (de janvier à octobre). En une décennie, 17 496 cas de violence ont fait appel au centre, ce qui est énorme. Pour ce qui est de l'autonomisation des femmes et son lien avec le développement durable, thème choisi par l'ONU pour commémorer cet événement en 2015, la Présidente de l'association, Fatima Zohra Chaoui également consultante juridique et qui travaille sur l'accompagnement juridique des femmes victimes de violence, elle stipule que l'association travaille depuis quelques mois, à travers un programme avec l'Union Européenne sur l'organisation de formations et sur l'accompagnement des femmes à trouver un travail. Cette formation se fait à plusieurs niveaux et selon l'âge et la situation des femmes, surtout en ce qui concerne l'amélioration du travail domestique avec apprentissage des techniques de travail. L'association donne en fin de formation une attestation de qualification qui les aide à trouver du travail. L'accompagnement se fait également pour celles qui veulent créer leurs propres petites entreprises, des cours de langues sont aussi dispensés et tout cela en parallèle du développement personnel, à travers le coaching. Sur ce volet, Mme Chaoui affirme que : « On s'est rendu compte que sans l'indépendance matérielle, c'est à dire l'autonomie, les femmes ne sortent jamais du cercle de la violence et supportent l'insupportable. Pour ce qui est de l'impunité qui rentre dans le cadre de ce projet de loi, l'association pense que le but n'est pas de faire déborder les prisons mais de procéder au soutien psychologique et à la « rééducation » des auteurs de violence. Il ya plusieurs solutions alternatives. D'ailleurs l'AMVEF, via la cellule de suivi des dossiers de violence, en coordination avec les cellules de prise en charge de femmes et d'enfants victimes de violence, avait envoyé à la MAP un communiqué dans lequel elle dénonce une nette hausse pour ce qui est de la violence à l'égard des femmes. En deux semaines, la cellule avait enregistré, parmi les nombreuses plaintes, 3 cas graves et extrêmes, avec menace de mort et handicap physique à vie. Elle a par la même occasion soulevé la nécessité d'urger la mise en place du projet de loi pour la protection des femmes dans les milieux public et privé. Quant au mariage des mineures, il est en nette hausse. Qui dit mariage des mineures (un type de violence) dit réforme de la Moudawana. Les jeunes mineures sont mariées à un âge où elles devraient jouer et être scolarisées. Non seulement, le mariage ne réussit pas, car la fille elle même n'est pas responsable, mais elle se retrouve dans la rue avec un bébé. Imaginons, l'impact sur la société (mais aussi le coût) est aussi grave que l'impact sur la famille. Il faut signaler aussi qu'à travers l'article sur l'authentification du mariage, depuis une quinzaine d'années, le mariage ne cesse d'augmenter. Quand le juge ne donne pas aux mineures l'autorisation de se marier, les familles le font quand même, surtout dans les régions éloignées et procèdent par la suite à la régularisation lors des campagnes d'authentification des mariages. Cette fraude se fait aussi bien pour ce qui est de la polygamie que du mariage des mineures. C'est pour cela que, le projet de loi sur la violence à l'égard des femmes revendiqué depuis des années, est une urgence, à travers les mesures de protection et de prévention pour les femmes victimes de violence et les mesures punitives pour les auteurs de violence. A savoir qu'un projet de loi a été élaboré par le ministère, sans pour autant impliquer les associations qui ont milité depuis des années sur ce phénomène. Il avait été décidé qu'une commission présidée par le chef du gouvernement serait constituée et s'attellerait au projet. Jusqu'à maintenant, rien n'a été fait, aucune réunion ni écho.