Agées entre 19 et 60 ans, elles sont pour la majorité des femmes au foyer, issues des couches sociales défavorisées et victimes de violence conjugale. Au siège de l'association Amna, en cette matinée du jeudi et comme chaque semaine, c'est la journée d'écoute et d'orientation juridique pour les femmes victimes de la violence. Une trentaine de femmes sont venues y chercher conseil et aide juridique. Agées entre 19 et 60 ans, elles sont pour la majorité des femmes au foyer, issues des couches sociales défavorisées et victimes de violence conjugale. Quelques jeunes femmes qui viennent pour la première fois à l'association Amna n'arrivent pas à maîtriser leurs émotions lorsqu'elles racontent leur situation des femmes violentées ou abandonnées. Comme c'est le cas de Ghizlane, âgée à peine de 19 ans et mariée à un petit marchand à Casabarata. Abandonnée par son jeune mari, il y a plus d'un mois, elle risque de se trouver à la rue avec son nourrisson de trois mois. «Ma situation est très compliquée, je ne peux pas travailler car mon bébé est diabétique et souffre d'anémie ; personne de mon entourage n'accepte de me le garder. Et je ne peux pas me séparer de lui définitivement en le confiant à un centre d'accueil ou une famille pour l'adopter», confie-t-elle en larmes. «Les cas des femmes que nous recevons sont victimes de violence sous toutes ses formes, mais les actes de violence conjugale demeurent les plus fréquemment constatés. Nous essayons de réunir le couple pour le réconcilier, nous n'entamons la procédure juridique qu'après l'échec de nos tentatives de réconciliations. Car la plupart de ces femmes ne demandent le divorce qu'en cas d'excès de sévices ou de menaces de mort par leurs conjoints sous l'effet d'alcool ou de drogue», explique l'avocate et la présidente de l'association Amna, Rachida Bellabah. Ces femmes violentées, selon Mme Bellabah, sont souvent victimes de non paiement de leurs pensions alimentaires et d'abandon par leurs maris. «Ce cas de violence économique pose un grave problème à cause de la recrudescence du phénomène du chômage dans notre société. Des femmes sont obligées quelquefois à ne pas réclamer les arriérées de leur pension alimentaire pour éviter à leurs conjoints ou ex-époux la prison. Certains travaillent et touchent assez d'argent, mais trouvent toujours le moyen pour échapper au versement de cette pension», souligne Maître Bellabah. La situation de ces femmes violentées est très émouvante. En plus de la violence économique, Habiba, une habituée de l'association Amna âgée de près de 60 ans et souffrant d'une maladie grave et inguérissable, doit subir quotidiennement la violence psychologique. Depuis le début de ses conflits avec son mari, celui- ci qui travaille comme mécanicien a quitté son ancien emploi. Il change chaque jour de lieu de travail pour être considéré comme personne à revenu non fixe et ne pas être, de ce fait obligé de subvenir aux besoins financiers de sa femme. «Habiba subit sans arrêt d'humiliations. Malgré son âge, son mari l'injure et l'accuse d'adultère. Elle souhaite divorcer le plus vite possible et continuer à vivre avec l'aide de son fils et quelques bienfaiteurs», indique Maître Bellabah, faisant remarquer que « nous avons hâte de voir la réalisation du projet du fonds de solidarité pour garantir la pension à des personnes se trouvant dans une situation similaire à Habiba». L'association Amna accueille, selon Maître Bellabah, quotidiennement et en moyenne une vingtaine de femmes victimes de violences sous toutes « ses formes les plus classiques notamment physique, psychologiques et économique ». « Elles sont reçues et écoutées par une assistante sociale. Le nombre de ces femmes atteint une trentaine pendant la séance hebdomadaire d'écoute et d'orientation. Nous nous limitons actuellement à ce chiffre parce que le manque d'espace ne nous permet pas d'accueillir beaucoup de monde et surtout que ces séances d'écoute exigent une grande discrétion », précise Maître Bellabah. Conscients de la gravité de la violence à l'encontre des femmes au Maroc, les membres de la société civile et les autorités concernées se mobilisent pour contrecarrer ce phénomène. La création des cellules d'accueil contribue «à la réduction des charges et l'accélération des procédures intentées par les femmes violentées», assure Maître Bellabah. L'Association Amna a été créée en 1998 dont le but est la défense des femmes victimes de violence.