Le cinquantième anniversaire de la disparition de l'opposant marocain Mehdi Ben Barka, le 29 octobre 1965 au devant de la brasserie Lipp à Paris, donne l'occasion à la presse écrite et audiovisuelle de revenir sur ce tragique et historique événement. Depuis les années 70, le cinéma, cinq années après cette mystérieuse disparition, essayait d'apporter sa contribution avec la réalisation tout d'abord de "L'attentat"(1972) où, Yves Boisset, fraîchement sorti de l'expérience du film politique à travers "Un condé"(1970), film qui revient sur les conditions de la disparition en évitant de nommer les acteurs de l'enlèvement par leurs noms. C'est ainsi que Mehdi Ben Barka apparaît dans ce film sous les traits de Gian Maria Volonté appelé Sadiel, devant affronter le sanguinaire colonel Kassar, qu'on devine facilement Oufkir, joué par Michel Piccoli. L'intérêt du film est surtout d'avoir osé traiter cinématographiquement cette affaire qui avait sérieusement terni les relations maroco-françaises. Malgré l'actualité permanente de l'affaire "Bouya Omar", nom secret du dossier, le cinéma est resté longtemps en recul ignorant l'aspect policier, politique, et diplomatique de l'affaire entourée plutôt de tous les ingrédients du thriller politique. Il a fallu longtemps pour que Serge Le Peron s'intéresse à l'affaire et proposa un projet de film au Centre Cinématographique Marocain (C.C.M.), basé sur le livre de Georges Figon, un acteur de l'affaire, souhaitant bénéficier du fonds d'aide à la production nationale. C'est ce qui fut fait en associant un certain Said Shaimi, dont le nom va apparaître sommairement au générique et dont la contribution à la réalisation est presque nulle. Le projet vit le jour en 2005 sous le titre de "J'ai vu tuer Ben Barka", reprenant le titre du livre et relatant les faits liés à l'affaire dans les moindres détails. Quant aux acteurs, ils sont plus ou moins crédibles sous les traits de Simon Abkarian (Mehdi Ben Barka), Fayçal Khayari(Mohamed Oufkir), Abdellatif Khammouli (Ahmed Dlimi), Mouna Fettou (Ghita Ben Barka), Charles Berling(Georges Fillon) et aussi Aziz Kabbouche dans le rôle d'un certain Chtouki, qu'on apprit par la suite qu'il s'agit de Miloud Tounzi. A comparer avec le téléfilm de Jean-Pierre Senapi "L'affaire Ben Barka"(2007) , ce dernier semble plus ramassé et laissant une grande part à l'action.Le téléfilm montre comment, en octobre 1965, est décidée et exécutée l'élimination de Ben Barka par Mohamed Oufkir au moment où l'opposant marocain doit prendre la tête de la Tricontinentale. Il est campé par l'acteur Atmen Kalef face à ses détracteurs joués par Simon Abkarien (Mohamed Oufkir) et Abdelhafid Metalsi (Ahmed Dlimi). Le journaliste et historien Daniel Guérif disait de Mehdi Ben Barka disparu: "Ce mort aura la vie longue. Ce mort aura le dernier mot". Tout au profit du cinéma.