Les autorités palestiniennes ont réagi avec méfiance dimanche à l'idée d'une mise sous surveillance vidéo permanente de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, proposée par la Jordanie pour tenter de mettre fin aux violences israélo-palestiniennes. "C'est un nouveau piège", a déclaré le ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne Riyad al Maliki à la radio la Voix de la Palestine, accusant Israël d'avoir le projet d'utiliser les films des caméras pour arrêter des musulmans. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui a rencontré samedi à Amman le roi Abdallah de Jordanie et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a déclaré qu'Israël l'avait assuré qu'il n'avait pas l'intention de revenir sur le statu quo relatif à l'esplanade des Mosquées, appelée mont du Temple par les juifs et Noble sanctuaire (Haram al Charif) par les musulmans. Lieu d'implantation des deux temples de Jérusalem - le mur des Lamentations est en contrebas - l'esplanade est le principal lieu saint du judaïsme. Elle abrite aujourd'hui la mosquée Al Aksa et le dôme du Rocher et est à ce titre le troisième lieu saint de l'islam sunnite après La Mecque et Médine. Selon une tradition bien établie, seuls les musulmans sont autorisés à prier sur l'esplanade des Mosquées. Les non-musulmans peuvent s'y rendre mais pas y prier. Les musulmans craignent qu'Israël ne cherche à revenir sur cette interdiction faites aux juifs d'y prier, ce qui a engendré une vague d'attaques à l'arme blanche de la part de Palestiniens à Jérusalem, en Cisjordanie et en Israël. Depuis le 1er octobre, 52 Palestiniens, dont la moitié étaient des agresseurs selon Israël, ont été abattus par les forces de sécurité israéliennes en Cisjordanie et à Gaza. Neuf Israéliens ont été tués, par balle ou à l'arme blanche, par des Palestiniens. Les Palestiniens sont également en colère contre ce qu'ils considèrent comme un usage excessif de la force par la police et l'armée israéliennes. Israël répond que l'usage de la force létale est justifié par la mise en danger de vies humaines. John Kerry, qui a rencontré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi à Berlin, a affirmé qu'Israël avait accepté la proposition du roi de Jordanie, gardien des lieux saints de l'esplanade des Mosquées, de mise sous surveillance constante du site, occupé par Israël depuis la guerre des Six-Jours de 1967 en même temps que le reste de Jérusalem-Est et la Cisjordanie. Selon un responsable américain, des réunions doivent avoir lieu entre Israéliens et Jordaniens au niveau technique pour savoir qui va gérer la surveillance vidéo, mais la date de ces consultations n'a pas été rendue publique. Mahmoud Abbas n'a pas fait de commentaire public sur le sujet. Selon Saëb Erekat, le secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), le parti de Mahmoud Abbas, le président palestinien a demandé à John Kerry "de prendre le problème à la racine, à savoir la poursuite de l'occupation (israélienne)". Les violences liées à ce sujet se sont poursuivies dimanche. Un Palestinien a blessé à l'arme blanche un Israélien près d'une colonie juive implantée en Cisjordanie, a annoncé l'armée israélienne. L'homme blessé a tiré sur son agresseur, qui s'est enfui. Le ministère palestinien de la Santé a fait état d'un Palestinien hospitalisé après avoir reçu des tirs d'un Israélien. S'adressant dimanche au conseil des ministres, Benjamin Netanyahu a déclaré qu'Israël "avait un intérêt à ce que des caméras soient déployées partout sur le mont du Temple" ce qui permettrait de réfuter les accusations selon lesquelles le pays veut modifier le statu quo. Une telle surveillance de l'esplanade, où des jets de pierre accueillent souvent les visites des juifs sur le site, permettra de "montrer d'où viennent vraiment les provocations", a déclaré Benjamin Netanyahu. Pour Saëb Erekat, le chef du gouvernement israélien veut installer les caméras "dans le but de surveiller et d'arrêter" les Palestiniens. "Il ne cesse de mentir", a-t-il ajouté.