Les accusations succèdent aux accusations au procès d'Hissène Habré à Dakar au Sénégal. Lundi, la cour a commencé à entendre Mahamat Hassan Abakar, le président de la commission d'enquête sur les crimes commis par le régime de l'ancien président tchadien. Une commission créée après la fuite de ce dernier. Et il a entamé la description d'un système répressif extrêmement dur qui gravitait autour de la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS). Faute de bâtiments disponibles en 1990, la commission que dirigeait Mahamat Hassan Abakar s'est installée dans les locaux de la fameuse DDS. Un immeuble abandonné par les dirigeants de ceux que Mahamat Hassan Abakar appelle « la police politique ». Son équipe a ainsi pu mettre la main sur de nombreux papiers laissés sur place, des listes de personnes arrêtées, d'autres d'opposants exécutés. Le témoin a lu des extraits de ces documents officiels : « Je soussigné, régisseur de la Brigade d'intervention rapide, déclare que les 33 prisonniers sont décédés dans nos locaux dans la journée du 10 au 11 avril 1986 ». Pour Mahamat Hassan Abakar, la responsabilité du prévenu dans la répression est claire : « La DDS a été conçue et planifiée par Hissène Habré pour soumettre et terroriser les populations. C'était sa chose à lui ». Le témoin cite ensuite l'un des anciens directeurs de cette structure, Saleh Younous qui a été entendu par la commission d'enquête : « Monsieur Younous a confirmé qu'il y avait des exécutions chaque nuit et qu'elles étaient ordonnées par le président Habré ». Au final, la commission estime que 40 000 personnes sont mortes entre 82 et 90. « C'est l'estimation la plus basse. Ce chiffre ne prend pas en compte les exactions commises en région », confie le témoin. Après les questions du procureur, Mahamat Hassan Abakar devra ensuite répondre aux questionnements des avocats commis d'office qui défendent Hissène Habré.