C'est un rendez-vous capital qui attend les Ivoiriens le 25 octobre prochain. Il s'agit de l'élection présidentielle. D'ailleurs, en Afrique de l'Ouest, la Côte d'Ivoire n'est pas le seul pays concerné par ces consultations au cours du dixième mois de 2015. Il y a aussi le Burkina (le 11) et la Guinée Conakry (le 15) du même mois. Dans les trois cas, l'enjeu est de taille car il s'agit de réussir des élections apaisées, transparente et démocratique dans un contexte où la tension est palpable et/où également chacun se demande ce que sera le lendemain des élections. Pour ce qui est de la Côte d'Ivoire, les stigmates et les plaies sont encore béants après le scrutin de 2010 et qui a abouti à une crise post électorale. Malgré les efforts considérables du gouvernement et de la communauté internationale pour la réconciliation inter-ivoirienne, le doute et le ressentiment persistent toujours. C'est pour éviter pareil scénario, il ne faut pas avoir peur des mots (ne dit-on pas mieux vaut prévenir que guérir) que la société civile se mobilise dans ce pays qui a connu plus de dix ans d'instabilité politique. Une initiative à encourager et à soutenir par tous les patriotes ivoiriens car cette votation est inédite avec en lice trois femmes et trente hommes pour cette présidentielle dont certains dossiers doivent encore être examinés et parfois complétés avant validation auprès de la cour constitutionnelle. Et pour ce faire, les trente-trois prétendants disposent encore de 72 heures pour transmettre les dernières pièces manquantes à leurs dossiers auprès de la CEI. La mobilisation de la plateforme de la société civile de Côte d'Ivoire part des vécus issus des anciennes consultations. Son président, Lucien Tapé Mambo, est on ne peut plus clair « Nous avons vécu en 2010 des évènements douloureux, dont la Côte d'Ivoire traine encore les séquelles : il y a eu près de 3 000 morts, des exilés, etc. Nous avons pensé qu'il fallait que l'on évite en 2015 ce qui s'est produit en 2010. C'est pour ça que nous avons mis une charte de bonne conduite pour que les acteurs politiques, qui ont décidé de briguer la magistrature suprême, puissent s'engager à ce qu'il n'y ait pas de violences avant, pendant, et après les élections ». Pour lui donc, comme à l'instar de millions de ses concitoyens, il n'est pas question que la Côte d'Ivoire revive un tel cauchemar. Au Burkina Faso, c'est nouveau vent qui souffle sur le pays. Une nouvelle gouvernance que demandent les hommes intègres. La société civile, artisan de la révolution d'octobre 2014, sait ce qu'elle a à faire. Actrice et sentinelle du changement dans ce pays, l'après élection ne devrait pas être source d'inquiétudes. Déjà, tous les candidats déclarés ont signé un mémorandum d'entente visant à respecter les résultats des urnes. Mais l'on ne peut s'empêcher de se demander qu'adviendra-t-il de ce pacte en cas de deuxième tour ? C'est pour cela que la société civile doit continuer à se mobiliser malgré les discours lénifiants ou mielleux des politiciens burkinabè. Quant à la Guinée, le problème est encore plus complexe et doit interpeler tous les patriotes guinéens à regarder l'intérêt supérieur de ce pays et renoncer à l'esprit ethnique ou partisan. En effet, depuis des mois l'opposition et le pouvoir en place ont peiné à trouver un terrain d'entente quant à la composition de la CENI et le calendrier des consultations. Un compromis a été trouvé finalement de justesse à la veille de la date limite du dépôt des candidatures sauf que cet accord est assorti de conditions de la part des partis de l'opposition. Ce qui n'est pas un bon signe d'annonciateur d'un lendemain qui enchante. Pendant ce temps, la société civile est quasi absente sur le terrain pour prêcher la bonne parole en facteur des élections apaisées, transparentes et incontestables. C'est dire que le mois d'octobre sera chaud en Afrique de l'Ouest et que triomphe la démocratie. Comme dirait l'autre, il faut que les Africains apprennent à faire la démocratie, et la vraie démocratie : sans violence. Autrement, il ne faut pas que ce soit violence contre violence, mais programme contre programme. C'est le défi à relever pour les candidats à l'élection présidentielle au Burkina, en Côte d'Ivoire et en Guinée.