On y est. C'est désormais officiel. Les Burkinabè, les Ivoiriens et les Guinéens se rendront aux urnes au mois d'octobre prochain pour élire leur Président respectif. Certes, les conditions diffèrent d'un pays à l'autre mais l'enjeu reste le même : la consolidation de la démocratie, des élections apaisées et transparentes. Les dirigeants en place dans ces trois Etats ont rendez-vous avec l'histoire car de la réussite de ces consultations dépendra leur notoriété, leur esprit d'ouverture mais aussi leurs aspirations au progrès, au développement, la liberté, la cohésion nationale et le désir de vivre ensemble en paix et dans la sécurité. Le Burkina qui a changé son destin un certain octobre 2014 entend rééditer l'exploit en octobre 2015 pour finir en beauté une transition jusqu'ici irréprochable. Les autorités de la transition en ont conscience. Il ne se passe pas de jour sans que des sujets soient abordés en vu d'assurer un franc succès au vote du mois d'octobre. Une première mesure, qui fait l'unanimité, est le retour définitif des militaires dans les casernes. Ainsi pas de fonction politique pour les hommes en uniforme, une façon d'en finir définitivement avec les coups de forces ou coups d'Etat que le pays a tant connu. En Côte d'Ivoire, l'atmosphère est moins tendue et les conditions d'une bonne consultation se dessinent au fur et à mesure que la date des élections s'approche. Et pour cause, Henry Konan Bédié a préféré la paix à la guerre. Car ce serait trop risqué pour un pays, qui a connu la crise sanglante, post électorale 2010-2011, de se livrer à une nouvelle compétition électorale lors de laquelle les fantômes du passé et les vieilles rengaines pourraient faire surface. Ce qui fait d'ailleurs la grogne des ultras et autres analystes à la petite semaine pour qui ce choix du HKB est antidémocratique. Or les faits sont têtus... En Guinée, depuis la fixation au 11 octobre prochain la date de l'élection présidentielle, l'heure est déjà à la mobilisation, requinquer les troupes et réinventer la politique dans un pays qui vit un quinquennat historique. Jamais cet Etat n'avait connu des élections plurielles, démocratiques et transparentes en 50 ans d'indépendance. Le Premier Président démocratiquement élu en 2010, éventuellement candidat à sa propre succession, multiplie les efforts pour la tenue d'un scrutin apaisé et transparent. Une tâche non aisée dans un pays où l'opposition, au lieu de proposer aux Guinéens un programme économique cohérent, à visage humain, est mue, selon les observateurs, par une revanche. Une défaite de 2010. Déjà, elle parle de reprendre le chemin des manifestations en exigeant d'abord l'organisation des communales avant les présidentielles. Or le temps matériel faisant défaut, le risque du glissement ou le prolongement du mandat actuel, sera alors un autre argument de parler de dictature et de monopole. Pis, financièrement, la Guinée n'est pas bien outillée, après l'épreuve terrible d'Ebola, d'enchaîner des élections. Toujours est-il que le mois d'octobre 2015 sera le rendez-vous des élections, des défis démocratiques et pourquoi pas de la maturité politique. Les hommes politiques, en charge d'éduquer, d'encadrer et de mobiliser la population en ont-ils conscience ? En seront-ils à la hauteur ? Mesureront-ils les conséquences en cas d'échec ? Un ensemble de questions que chacun doit se poser en Côte d'Ivoire, au Burkina et en Guinée.