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A. Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib / L'économie sur un palier de faible croissance / L'évaluation des politiques publiques, pratique peu ancrée dans les modes de gouvernance au Maroc
Le rapport de Bank Al-Maghrib pour l'année 2014, présenté à Sa Majesté le Roi par M.Abdellatif Jouahri, Wali de la banque centrale, en fin de semaine dernière, tranche sur celui de l'année précédente en ce sens que, étant le reflet d'une situation économique en dégradation, il s'attarde sur les insuffisances et certains dérapages qui éloignent d'ores et déjà l'économie de la trajectoire que lui tracent les politiques sectorielles, établit des constats négatifs tout au long de la première partie de l'exposé du Wali, au niveau de plusieurs secteurs et indicateurs, jusqu'à l'évocation, avec plus optimisme, à mi-parcours, des actions déployées par la Banque centrale en faveur du financement des TPME, et des performances réalisées par le secteur bancaire. L'exposé de M. Jouahri repart, ensuite, pour faire des constats encore plus inquiétants sur la dégradation continue du système d'enseignement et de formation et, sur le plan économique, sur les transferts des dividendes, de montants substantiels par rapport aux investissements étrangers effectués, et sur le rendement des investissements, la réalisation objectifs stratégies sectorielles lancées depuis plus de 5 ans aujourd'hui interpellées, et la lenteur de la dynamique économique, qui, elle aussi, interpelle sur « ses raisons et ses retombées sur le développement humain » M. Jouahri en arrive à un constat majeur : celui de la « nécessité d'instituer l'évaluation des politiques publiques, une pratique peu ancrée dans les modes de gestion et de gouvernance dans notre pays, affirme-il. M. Jouahri ouvre, par la suite, une « fenêtre d'opportunité », à travers laquelle il perçoit toutes les réformes, pressantes qu'il est nécessaire d'engager. Selon M. Jouahri, l'année 2014 a été marquée par la lenteur de la reprise de l'activité non agricole et la détérioration sensible de la situation sur le marché du travail, avec néanmoins une atténuation des déficits jumeaux. Reflétant un manque de dynamisme au niveau des services et des industries manufacturières ainsi qu'une poursuite de l'essoufflement du BTP, la croissance du PIB non agricole s'est établie à 3,1%, rythme largement inférieur à sa moyenne depuis le début des années 2000. Pour sa part, après une année exceptionnelle, la valeur ajoutée agricole a accusé un repli de 2,5%, ramenant la croissance économique de 4,7% en 2013 à 2,4%. Ce faible niveau de l'activité aurait contribué à maintenir un climat d'attentisme, la formation brute de capital fixe ayant baissé pour la deuxième année consécutive. En parallèle, la consommation finale des ménages a poursuivi son ralentissement pour la troisième année, avec un accroissement de 3,2% contre 5,4% en 2011. La contribution à la croissance de la demande intérieure, son moteur traditionnel, ressort ainsi en recul sensible de 7,3 à 1,2 points de pourcentage. Dans ce contexte, l'économie nationale n'a généré que 21.000 emplois, soit la deuxième plus faible création au cours des quatorze dernières années. L'industrie a accusé une perte de 37.000 postes, la plus importante depuis 2009, le BTP a connu une stagnation de ses effectifs après deux années de baisses significatives, tandis que les services n'en ont créé que 42.000. Cette situation aurait poussé une frange de la population à se retirer du marché du travail, induisant ainsi une nouvelle diminution de 0,3 point du taux d'activité. Malgré cette baisse, le chômage s'est aggravé pour la troisième année consécutive, enregistrant une hausse sensible de 0,7 point à 9,9%. En zones urbaines, il a atteint 14,8%, les jeunes et les femmes demeurant les plus touchés. L'encours des réserves internationales en amélioration de 20,3% Au niveau des finances publiques, après un important redressement en 2013, l'exercice 2014 s'est soldé par une légère atténuation du déficit à 4,9% du PIB. Ce résultat est attribuable, au niveau des recettes, aux importantes entrées de dons du CCG qui ont atteint 1,4% du PIB, l'accroissement des recettes fiscales s'étant limité à 1,6%, en lien notamment avec la faible reprise des activités non agricoles. Du côté des dépenses, sous l'effet du système d'indexation des prix des produits pétroliers, la charge de compensation s'est fortement allégée, revenant de 6,5% du PIB en 2012 à 3,5% en 2014. En revanche, la masse salariale s'est accrue de 2,6%, avec un ratio au PIB stable à 11%, et les dépenses d'investissement ont augmenté de 9%. Dans ces conditions, l'endettement du Trésor a poursuivi sa tendance haussière avec un ratio au PIB à 63,2% contre 46,1% en 2009.