Décélération de la croissance économique nationale en 2014. Bank Al-Maghrib révèle un taux de 2,4% contre 4,7% une année auparavant. Et pour cause : la lenteur de la reprise économique mondiale conjuguée aux conditions climatiques relativement défavorables. «L'économie nationale est restée en 2014 sur un palier de faible croissance avec une absence de signes tangibles d'un dynamisme global générateur de richesses et d'emplois», relève Abdellatif Jouahri, wali Bank Al-Maghrib, dans le rapport sur l'exercice 2014 présenté jeudi à Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Le rapport annuel de la banque centrale sur la situation économique, monétaire et financière précise que le marché du travail a été impacté par ce ralentissement. Ainsi, le taux de chômage au Maroc a grimpé, passant de 9,2% en 2013 à 9,9% à fin 2014. La dégradation a été plus visible en milieu urbain, notamment chez la population des jeunes âgés entre 15 à 24 ans. Bank Al-Maghrib indique dans ce sens que quatre sur dix d'entre eux ne trouvent pas d'emploi. 2014 a connu une création nette d'emploi, la plus faible des 14 dernières années, soit 21.000 postes à fin 2014. La consommation finale des ménages a poursuivi son ralentissement pour la troisième année. L'accroissement observé à fin 2014 est de 3,2 % contre 5,4% en 2011. En revanche, la croissance de la demande intérieure ressort en recul de 7,3 à 1,2%. Cependant, l'année a connu le redressement du déficit budgétaire. L'écart est revenu à 4,9% du PIB contre 5,1%. «Ce résultat est attribuable aux importantes entrées de dons du CCG qui ont atteint 1,4% du PIB ainsi qu'à l'accroissement des recettes fiscales s'étant limité à 1,6% en lien avec la faible reprise des activités non agricoles», relève-t-on du rapport de Bank Al-Maghrib. La charge de compensation s'est, pour sa part, fortement allégée passant de 6,5% du PIB en 2012 à 3,5% en 2014. Pour la même période, le déficit du compte courant a connu une importante atténuation. Selon Bank Al-Maghrib, il s'est fixé à 5,6% du PIB qui, «conjugué à la poursuite de l'afflux des investissements étrangers et prêts a contribué à une hausse sensible des réserves de change». S'agissant de l'inflation, elle s'est située à son niveau le plus bas. Elle est ressortie à fin 2014 à 0,4% contre 1,9% en 2013 et une moyenne de 1% entre 2009 et 2012. L'inflation sous-jascente s'est située, quant à elle, autour de 1,2% contre 1,5 % en 2013. «L'amélioration des réserves, la maîtrise relative de l'équilibre budgétaire et la baisse de l'inflation ont permis à la BAM de disposer de marges de manœuvre suffisantes pour soutenir l'activité économique», souligne la banque centrale. Le Rapport de Bank Al-Maghrib démontre par ailleurs une situation préoccupante de la place casablancaise. Le niveau de liquidité a poursuivi dans ce sens sa tendance baissière. De même, sa contribution au financement de l'économie reste insignifiante. Le regard de Abdellatif Jouahri
Selon le wali Bank Al-Maghrib, le Maroc bénéficie aujourd'hui d'une conjonction favorable de facteurs. Abdellatif Jouahri a énuméré dans ce sens l'afflux important des dons et la baisse des cours internationaux des produits énergétiques. Ces facteurs offrent au Maroc une marge importante pour la poursuite des réformes en vue d'accélérer la croissance, réduire le chômage et améliorer les conditions de vie sur le plan national. Le wali Bank Al-Maghrib a appelé dans ce sens à transformer cette opportunité en un élan de développement. «C'est en menant les réformes structurelles nécessaires et en veillant à leur mise en œuvre dans des délais appropriés, tout en procédant à une évaluation régulière des décisions et des choix opérés, que notre pays pourra créer les synergies nécessaires pour engendrer l'élan dont il a besoin pour réaliser un saut qualitatif dans son processus de développement», souligne dans ce sens M. Jouahri. Cette transition est tributaire de plusieurs défis. Citons dans ce sens l'éducation et la formation qui s'irriguent en priorité nationale. L'heure étant également à l'accélération de nombreux projets structurants, en l'occurrence la réforme de la justice, l'amélioration de l'environnement des affaires, la poursuite de la réforme fiscale ainsi que la mise en œuvre de la réforme des régimes de retraite et la consolidation de filets de sécurité sociale.
Des indicateurs en bref - Les émissions privées ont enregistré en 2014 une importante augmentation de 27,5%, à 83 milliards de dirhams, soit un niveau jamais observé auparavant. - L'encours des réserves internationales nettes s'est accru de 20,3% atteignant ainsi 181 milliards de dirhams en 2014, soit l'équivalent de 5 mois et 8 jours d'importations de biens et services contre 4 mois et 12 jours en 2013. – Les levées du Trésor ont accusé une baisse de 37,1 % en 2014, totalisant 110,2 milliards de dirhams à fin 2014. - Le crédit bancaire a enregistré une hausse limitée à 2,2 % en 2014 contre 3,9 % en 2013. - Les prêts à caractère financier ont baissé de 12,5% après une forte hausse estimée à 17,1% en 2013. - Les prêts alloués au secteur non financier ont enregistré une accélération passant de 1,7 à 4,2%.
- Les prêts alloués aux entreprises ont progressé de 3,1% contre une baisse de 3,5%, tandis que le rythme de ceux accordés aux ménages est revenu de 8,7 à 4,8%.