Moins de six mois après les attentats meurtriers de Paris, une attaque terroriste a visé vendredi une entreprise située près de Lyon, faisant deux blessés dans une explosion et un mort, un homme dont le corps décapité a été retrouvé sur le site. Un suspect, fiché en 2006 pour "radicalisation" par les services de sécurité intérieure, a été arrêté, a annoncé le ministre de l'Intérieur, qui s'est rendu sur les lieux de l'attentat. Des complices potentiels ont par ailleurs été placés en garde à vue, a dit à la presse Bernard Cazeneuve. L'auteur présumé de l'attentat, actuellement entendu, n'avait pas de casier judiciaire, contrairement aux auteurs des attentats de janvier qui ont fait 17 morts. Il a été neutralisé par un pompier intervenu sur les lieux après une déflagration. L'homme, qui résiderait à Saint-Priest dans la région lyonnaise, avait fait l'objet d'une fiche "S" ("signalé et surveillé") en raison de sa radicalisation en 2006 qui n'a pas été renouvelée en 2008. Lié à la mouvance salafiste, "il n'était pas connu pour être en lien avec des acteurs terroristes", a dit le ministre de l'Intérieur. L'homme s'appelle Yassin Sahli selon Bernard Cazeneuve. Il a 35 ans et a été légèrement blessé à la tête lors de l'attaque. L'attentat n'a pas été revendiqué à ce stade, mais le corps décapité d'un homme, avec des inscriptions en arabe, a été retrouvé, ainsi que des drapeaux noirs et blancs portant eux aussi des formules en arabe. La décapitation rappelle les méthodes de l'Etat islamique (EI). "L'attaque est de nature terroriste dès lors qu'il a été retrouvé un cadavre décapité avec des inscriptions", a déclaré François Hollande à Bruxelles, où il a quitté le Conseil européen pour regagner Paris. "L'intention ne fait pas de doute, c'est de provoquer une explosion", a-t-il souligné. Voiture bélier L'attaque est survenue peu avant 10h00 (08h00 GMT) à Saint-Quentin Fallavier, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Lyon, dans une entreprise appartenant au groupe américain Air Products, fournisseur de gaz et de produits chimiques à usage industriel. Un ou deux hommes à bord d'un véhicule "se sont projetés", selon le président français, dans l'enceinte de l'entreprise contre des bonbonnes de gaz. Des témoins ont alors entendu une forte déflagration. L'usine de Saint-Quentin Fallavier, située sur l'une des plus grandes plateformes logistiques d'Europe, est classée Seveso, c'est-à-dire qu'elle est au nombre des sites "à risque" où sont stockés et/ou utilisés des matières dangereuses. "Les sites Seveso ont été protégés encore davantage et toutes les dispositions prises pour éviter tout drame supplémentaire, et prévenir toute action", a dit François Hollande. Le parquet antiterroriste s'est saisi du dossier et a ouvert une enquête pour "assassinat et tentatives d'assassinats en bande organisée et en relation avec une entreprise terroriste", notamment. Les forces de l'ordre ont été déployées en nombre dans la région. François Hollande devait réunir un conseil restreint à l'Elysée en début d'après-midi. Le Premier ministre, Manuel Valls, actuellement en déplacement en Amérique du Sud, écourtera sa tournée et ne se rendra pas en Equateur. Il participera au conseil restreint par téléphone depuis l'ambassade de France en Colombie, a-t-on appris de source diplomatique.