Apparemment, la confidentialité, supposée acquise, des épreuves du Baccalauréat et l'étanchéité de tout le système des examens se sont révélées des vœux pieux à la première épreuve qu'elles avaient à endurer cette année. Le gouvernement et son ministre de l'Education, malgré les mesures draconiennes coercitives prises et leur projet d'incriminer et de pénaliser les fraudes à l'examen allant jusqu'à 2 ans d'emprisonnement ferme et 20.000 dhs d'amende, ont échoué à endiguer le problème. Selon des parents d'élèves et en toute vraisemblance, les épreuves de mathématiques ont fuité vers 2 heures du matin. D'ailleurs, «Tassribat» a mentionné, en arabe, une expression de défi avéré : « Cette épreuve est probablement celle qui sera devant les élèves ce matin ». Ainsi en fut-il. Le matin, en comparant l'épreuve fuitée et l'épreuve présentée au candidat, certains parents nous ont confirmé que c'est réellement l'épreuve. Nous sommes revenus à la page Facebook « Tassribat » pour comparer les épreuves, et, surprise, l'épreuve est identique. On attendra les explications du ministère pour y voir plus clair. La copie de l'épreuve de maths programmée pour la matinée de mercredi aurait fait son apparition vers 2 heures du matin. Les prémices d'un scandale national qui mettrait à mal l'actuel gouvernement est en marche. Pour le moment, on a opté, malheureusement, par réflexe administratif et bureaucratique, pour une tentative d''étouffement de l'affaire. Les responsables ont multiplié les contacts pour essayer de minimiser son ampleur et répéter comme un leitmotiv la fameuse expression « Rien de grave !». Si les fuites sont avérées, et ells le sont, la responsabilité du gouvernement et de son ministre de l'Education (qui ont fait de la lutte contre la triche leur cheval de bataille) sera confirmée. Pour le moment, des protestations sont signalées à Casablanca, Rabat et d'autres villes du Royaume. La ville d'Agadir a eu droit aussi à son lot de fuites (Tassribat). Mercredi matin, l'information s'est répandue comme un feu de paille au sujet de la fuite de l'épreuve de philosophie, ce qui a provoqué l'ire des parents et d'élèves candidats à l'examen, surtout que l'épreuve ne devait avoir lieu que l'après-midi. Une situation qui a provoqué les protestations des parents d'élèves devant plusieurs lycées à Agadir. Des mouvements qui étaient tellement forts au point de bloquer la circulation dans plusieurs points. L'affaire commence à prendre l'allure d'un vrai scandale national. La molesse, pour ne pas dire l'absence de réactions des responsables pour éclairer l'opinion publique et rassurer les élèves candidas et leurs parents, ouvrent la voie à toutes les spéculations imaginables et inimaginables. Les parents d'élèves s'inquiètent et s'indignent, en même temps et à juste titre, et ont du mal à accepter que certains "se torturent les méninges et se cassent la tête dans des préparations dures des examens, alors que d'autres ont les bras longs qui les tirent d'affaire... C'est injuste et révoltant »! L'inquiétude va grandissante chez tous les lycéens. Comment va-t-on régler cette affaire ? Va-t-on opter pour une re-passation des épreuves supposées fuitées ? Comment et quand ? Une évidence dans cette affaire : les élèves les plus méritants ne doivent pas payer les frais d'éventuelles failles du système. Le gouvernement Benkirane qui a adopté le projet de loi N° 02.13 relatif à la lutte contre la fraude à l'examen, tout en le soumettant à l'approbation des élus la veille des examens, aurait donc connu un échec cuisant. En cas de confirmation des fuites, le gouvernement aura-t-il le courage de prendre les décisions qui s'imposent...Toutes les décisions : politiques, pédagogiques et morales... Pour l'instant, le MEN s'est contenté d'un communiqué laconique dans lequel il annonce qu'une enquête sera diligentée et dans lequel il appelle aussi les candidats à poursuivre les examens et à ne pas perturber le déroulement général des examens. A croire que la circulation des épreuves plusieurs heures avant leur déroulement n'est pas la plus grande perturbation des examens, du moins au yeux du MEN.