Le quotidien britannique The Guardian, a révélé l'existence d'un rapport accusatoire des Nations unies à l'encontre de soldats français qui se sont rendus coupables de viols sur de jeunes garçons sans abri et affamés en Centrafrique. Le fonctionnaire de l'ONU responsable de la fuite de cette information a été suspendu et pourrait être remercié. Les soldats français étaient censés protéger les personnes déplacées dans l'aéroport de Bangui, la capitale de la République centrafricaine, et c'est là que les actes incriminés ont eu lieu, entre décembre 2013 et juin 2014. Les militaires ont abusé de mineurs qui fuyaient le conflit entre miliciens chrétiens et musulmans, «en échange d'argent ou de nourriture», rapporte le quotidien britannique. C'est justement durant cette période que la mission de l'ONU dans le pays, la MINUSCA, était en train de se préparer. Une enquête interne a été ouverte par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) sur la base de soupçons d'exploitation sexuelle des enfants déplacés à cause du conflit. Plusieurs témoignages d'enfants ont été recueillis entre mai et juin de l'année dernière. Ils retracent des faits qui auraient été commis sur une dizaine d'enfants, sur le site de l'aéroport de M'Poko, à Bangui, capitale de la République centrafricaine, entre décembre 2013 et juin 2014. 16 soldats, tous Français, sont concernés par cette affaire. L'Unicef, qui a pris part à l'enquête onusienne et a interrogé les enfants qui s'étaient plaints d'abus sexuels, les a ensuite " confiés à des ONG partenaires présentes sur le terrain pour qu'ils puissent recevoir un soutien psychologique", selon le porte-parole de l'Unicef basé à Dakar, Thierry Delvigne. Leur rapport, intitulé "Abus sexuels sur des enfants par les forces armées internationales", aurait été reçu par les responsables à Genève à l'été 2014 et tenu secret. Anders Kompass, un travailleur humanitaire des Nations Unies d'origine suédoise, a fait passer le document aux procureurs français en raison de l'inaction de l'ONU sur ce dossier, selon les sources proches de l'enquête citées par The Guardian. Anders Kompass a été suspendu le 17 avril et fait l'objet d'une enquête des Nations unies, a indiqué, mercredi 29 avril, le conseiller juridique du ministère suédois de la Justice, Anders Rönquist. Cet acte pourrait pourtant bien lui valoir d'être licencié malgré ses 30 années d'expériences dans l'humanitaire. Le quotidien explique qu'après avoir reçu un rapport confidentiel des Nations Unies intitulé «Exploitation sexuelle des enfants par les forces armées internationales», les autorités françaises ont envoyé un représentant à Bangui pour enquêter sur ces accusations. Le rapport est arrivé dans les mains de Paula Donovan, de l'organisation Aids Free World, qui l'a transmis au Guardian. «Des abus sexuels réguliers par des soldats de la paix ont été découverts. L'indifférence des Nations unies est dégoûtante, mais ce n'est pas le premier cas de ce genre. La réponse instinctive de l'ONU à la violence sexuelle dans ses rangs – nier, dissimuler, masquer – doit être soumise à une commission véritablement impartiale avec les pleins pouvoirs d'assignation dans cette enquête», a déclaré Paula Donovan au Guardian. L'armée française a promis de prendre «toutes les mesures nécessaires pour la manifestation de la vérité» sur les abus sexuels présumés de soldats français en Centrafrique dénoncés par l'ONU, d'après le ministère de la Défense française. L'opération française en Centrafrique a commencé en décembre 2013. Malgré le retrait de la majorité des troupes françaises du pays après le déploiement de la mission de l'ONU, 1 000 soldats y sont toujours stationnés.