Dans le nord du Mali, la tension monte sur le terrain à mesure que la date fixée pour la signature d'un accord de paix, le 15 mai prochain, approche. Lundi 27 avril, des groupes armés pro-gouvernementaux se sont emparés de la localité de Ménaka, jusqu'alors aux mains des rebelles. Mardi, ce sont les rebelles qui ont tiré sur des véhicules de la mission des Nations unies, par erreur, puisqu'ils pensaient tirer sur l'armée malienne. Ces derniers événements pourraient mettre le feu aux poudres. Ce que craint le gouvernement malien. L'armée malienne profitera-t-elle du nouveau rapport de force à Ménakapour prendre le contrôle de la ville ? Alors que les rebelles menacent les soldats maliens à Tombouctou, les autorités envisagent-elles de partir ou de combattre ? « Que je sache, les instructions des autorités sont très claires », répond Choguel Maïga, le porte-parole du gouvernement malien. « Pour l'instant, la position officielle de notre gouvernement est de s'en tenir à ses engagements : l'accord de cessez-le-feu, l'accord de cessation des hostilités. Pour lui, il n'est pas question pour l'armée malienne d'être mêlée ni de près ni de loin à une reprise des hostilités. Les positions des uns et des autres doivent être gelées », précise-t-il. Qu›il s›agisse des milices affirmant soutenir Bamako ou des groupes rebelles, le gouvernement malien souhaite se démarquer de cette reprise des hostilités qu›il condamne et qui ne correspond pas aux intérêts du Mali. « L'un des justificatifs principaux de la continuation de la crise, c'est qu'il y a des forces organisées qui ne veulent pas de la paix. Et ces forces se trouvent essentiellement dans les milieux des narcotrafiquants, des crimes organisés et de tous ceux qui se livrent à des activités illégales », analyse le porte-parole du gouvernement malien. Bamako décidé à signer l'accord de paix Concernant l'accord de paix dans le nord du Mali, la médiation internationale a annoncé ce week-end que la cérémonie de signature aurait lieu le 15 mai prochain à Bamako. Le problème, c'est que les groupes rebelles rejettent toujours, officiellement, le texte proposé et déjà validé par Bamako. Mais pour les ministres maliens impliqués dans ces négociations de paix, cette annonce de la médiation permet d'aller de l'avant. Parce qu'ils estiment que le texte qui est sur la table est la seule voie possible vers la paix, et parce qu'ils se disent déçus par les réticences des groupes rebelles, les négociateurs maliens se réjouissent de l'échéance fixée par la médiation internationale, comme le confirme Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères du Mali : « Le processus est désormais dynamique, donc je crois que ceux qui ne se sont pas déterminés ont un certain temps pour le faire. Mais ce qui est important, c'est qu'il faut que nous continuions à avancer.Les frères qui sont en discussion se détermineront. Si c'est un groupe pour l'ensemble qui décide de joindre le mouvement, chacun le fera à un moment de son choix. » Que se passera-t-il si les rebelles restent sur leurs positions et ne signent pas la proposition d'accord de paix ? La réponse est sans ambiguïté pour Hamidou Konaté, le ministre malien de la Reconstruction du Nord : « Après le 15 mai, des accords doivent être mis en œuvre. Ceux qui n'auront pas signé auront décidé de se mettre hors du processus et auront accepté de se faire appeler les ennemis de la paix. Une médiation a été là. C'est elle qui sera témoin de l'application de ce document. » La médiation est effectivement garante de son application, et des sanctions éventuelles qui pourront être prises contre ceux qui n›auront pas signé.