Des combats meurtriers ont encore eu lieu mardi au Yémen, où le conflit a suscité une nouvelle passe d'armes entre les deux puissances régionales, l'Arabie saoudite, chef de file d'une coalition hostile aux rebelles, et l'Iran, leur principal soutien. Des affrontements opposant les partisans du président en exil Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenus par la coalition arabe, aux rebelles chiites Houthis et à leurs alliés ont fait 64 morts mardi à travers le pays pendant que des raids aériens de la coalition ont visé des positions rebelles dans au moins cinq villes du Yémen. Dans le Sud, à Aden, la deuxième ville du pays, des combats de rues se sont soldés par la mort de neuf houthistes. Onze autres individus, parmi lesquels figuraient des combattants favorables au président en exil Abd Rabbo Mansour Hadi, ont également péri. Dans la région de Lahij, 14 rebelles et onze loyalistes, dont un général de l'armée, ont été tués dans une série d'accrochages pour le contrôle de la route côtière entre Aden et le détroit stratégique de Bab Al-Mandeb, ont rapporté des sources militaires. Au lendemain d'une attaque au vitriol du chef des Gardiens de la révolution iraniens, un autre haut responsable iranien a accusé mardi Ryad d'avoir recours au Yémen à des tactiques dignes de "l'époque de la guerre froide". Il faisait référence au largage par des avions saoudiens sur le territoire yéménite de tracts en arabe affirmant que la coalition soutenait "le peuple du Yémen contre l'expansion perse". Le bras de fer à distance entre Ryad et Téhéran a aussi débouché sur la destruction d'une piste de l'aéroport de Sanaa, contrôlé par les rebelles. Des avions de la coalition arabe sous conduite saoudienne ont détruit, mardi 28 avril, la piste de l'aéroport de la capitale yéménite Sanaa, afin d'empêcher un avion iranien de s'y poser, ont fait savoir des responsables saoudiens. L'aéroport a été pris pour cible alors qu'un avion iranien refusait toute coordination avec la Coalition et que son pilote ne tenait aucun compte de l'ordre de ne pas s'y poser, a déclaré le général Ahmed Asseri, porte-parole de la coalition. L'aéroport de Sanaa bombardé Le bombardement a rendu la piste inutilisable pour les vols d'aide humanitaire qui étaient prévus, a-t-il ajouté. Selon des responsables de l'aéroport, les frappes ont mis le feu à un avion civil de la compagnie yéménite Felix Airways. Un avion cargo a également été touché, ont-ils continué. L'aéroport a été pris pour cible lors de 20 sorties aériennes qui ont détruit à la fois les pistes d'envol et d'atterrissage, a déclaré un responsable de l'aviation civile yéménite. Confirmant l'incident, l'agence de presse officielle iranienne Irna a écrit que les pilotes n'avaient pas tenu compte des avertissements "illégaux" des avions saoudiens de s'éloigner de la piste. L'appareil iranien acheminerait une aide humanitaire à Sanaa, d'après la même source. Selon les miliciens chiites Houthis, l'appareil devait transporter en Iran des civils blessés dans les frappes aériennes, afin qu'ils y soient soignés. Selon un responsable de l'aviation civile, l'aérodrome de Hodeidah, au bord de la mer Rouge, a lui aussi été bombardé mais semblait toujours opérationnel. Les vols d'aide humanitaire vont être redirigés vers Hodeidah le temps que les pistes de l'aéroport de Sanaa soient remises en état. Un peu plus tôt, mardi, des avions de la coalition arabe avaient bombardé une résidence qui, selon des habitants du quartier, appartient à Abdoullah Yahya Hakmi, un haut responsable de la milice Houthie qui a été inscrit par le Conseil de sécurité des Nations unies sur sa liste noire en novembre dernier. Le vice-président yéménite Khaled Bahah a appelé lundi les Houthis à mettre fin aux combats, comme l'a exigé le Conseil de sécurité des Nations unies. Le conflit, selon la Croix-Rouge, a conduit le pays au bord d'une "catastrophe" humanitaire. Selon l'OCHA, le bureau de coordination des affaires humanitaires de l'Onu, le nombre de personnes déplacées en raison des combats au Yémen a plus que doublé par rapport à la précédente estimation du 17 avril et s'établit aujourd'hui à environ 300.000. Les combats ont été particulièrement violents dans la nuit de lundi à mardi dans la province de Marib, à l'est de la capitale Sanaa, dans la ville de Taëz (centre) et dans le port d'Aden, dans le sud du pays, alors que la coalition conduite par l'Arabie saoudite poursuivait ses frappes aériennes dans le pays. Il y a eu au moins quinze morts dans le district de Sirouah et autour de la ville de Marib, ont annoncé des sources tribales et les services médicaux, alors que les tribus fidèles au président Abd-Rabbou Mansour Hadi tentaient de stopper l'avance des Houthis et des forces favorables à l'ancien président Ali Abdallah Saleh. Les Houthis affirment vouloir prendre la ville de Marib afin de contrer les progrès des jihadistes d'Al Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa).