Le critique de cinéma est une personne qui propose une lecture d'un ou plusieurs films. Cette lecture, également appelée critique, est publiée essentiellement dans la presse écrite. Il demeure plusieurs façons d'aborder la critique. Une première est celle de l'entrevoir comme avis personnel et une seconde est de la penser comme une analyse de film. Cependant, nombreux sont ceux qui la restreignent à un simple avis sur un film, celui qui fera qu'ils iront voir, ou non, le film. Le mot critique provient du grec krisis, « crise », ce qui ne signifie pas pour autant que le critique doit se mettre en opposition avec l'œuvre, mais plutôt à l'écart de celle-ci, il doit avoir une prise de recul sur l'œuvre. Le contenu d'une critique comprend généralement une approche cinéphile (restituer le film dans un genre ou une cinématographie), une approche socio-politique et un caractère promotionnel. Devenir critique de cinéma ne demande aucune formation particulière — même si certaines formations, telles que les études de cinéma, d'arts du spectacle, d'histoire de l'art ou de lettres, peuvent favoriser la tâche — mais plutôt un goût prononcé pour l'écriture et pour voir des films. Être critique n'est donc ni journaliste, ni publicitaire, ni conseiller auprès de ses lecteurs. Toutefois, le métier de critique se situe à l'intersection de deux mondes : le monde du cinéma et le monde des médias. On distingue toutefois deux types de critiques, dont la limite n'est réellement fixée que depuis 1970 : le journalisme et la réflexion, mêlant théorie du cinéma et analyse. La première a pour fonction de juger, de se faire guide du spectateur, alors que la seconde est d'une tendance universitaire, elle privilégie ici une analyse désintéressée du film. Ainsi, la première catégorie implique de simples journalistes. Le critique est le plus souvent en relation avec un attaché de presse, lui-même engagé par un distributeur. L'attaché de presse fabrique et diffuse un dossier de presse qui informe les critiques des principales informations sur le film (fiche technique, filmographies ou autres informations importantes). Un autre outil dont l'attaché de presse dispose est la projection de presse, séance réservée à des critiques et organisée avant la sortie nationale du film. Il réside également les festivals, vitrine de ce qui se fait dans le monde du cinéma. Le distributeur peut même proposer des voyages pour assister au tournage, la rencontre d'une personnalité pour mener une interview, ou de simples cadeaux, tels qu'un disque ou un gadget publicitaire du film. Le critique est en effet souvent soumis à la pression du distributeur. Certains distributeurs vont même jusqu'à ne pas organiser de séances de presse craignant une critique, dans le sens concret du terme, de la part des critiques ; d'autres préfèrent exclure certains critiques de leurs projections, anticipant un mauvais accueil de leur part. Serge Daney déclarera, en 1974, qu'être critique c'est avant tout comprendre un film et la manière avec laquelle leur univers s'emboîte dans le monde qui les entoure. Pourtant, répondre à la question « qu'est-ce qu'un critique de cinéma ? » n'est pas aisé. Le cinéma est un art particulier, différent de ceux reconnus par la tradition à travers les six muses, et André Bazin le nommera ainsi « art impur ». Bazin l'a appelé ainsi du fait de la place qu'occupe l'argent et la technique dans le processus de fabrication d'un film. Cependant, très tôt on reconnaît au cinéma son fondement artistique. Dans ce sens, le critique de cinéma peut se suffire de décrire le film. Cependant, un film n'est pas seulement une œuvre d'art, mais également une énigme ouverte : le critique l'accompagne et en déploie les possibilités. Le cinéma a besoin de la critique, sans cette dernière, il ne peut exister pleinement. Selon Jean Douchet, il faut remarquer, dans un premier temps, qu'un film se meurt tant que ne se déclenche pas, par l'intermédiaire de la critique, un contact entre deux sensibilités : celle de l'artiste auteur de l'œuvre et celle de l'amateur qui l'apprécie. Selon lui, le fait d'apprécier, de ressentir et de propager son enthousiasme pour un film constitue un acte critique. Dans les années 1950, les jeunes critiques des "Cahiers du cinéma" (tels que Godard, Truffaut ou encore Chabrol) mettent en évidence la puissance artistique du cinéma, initialement conçu comme seul moyen de distraction, en élevant au rang d'artiste John Ford, Howard Hawks et Alfred Hitchcock. En parallèle, ils mettent en marge le cinéma français, de mauvaise qualité et trop académique.