Le cinéma d'auteur est une expression utilisée pour qualifier l'ensemble des films d'un réalisateur reflétant sa personnalité artistique. Ce terme cherche avant tout à lier l'œuvre d'un cinéaste à des thèmes de prédilection et la cohérence d'un style novateur et singulier. Il s'agit cependant d'une notion subjective dont il n'existe pas de définition rigoureuse. Le cinéma d'auteur est fréquemment assimilé au cinéma d'« art et d'essai » ou de recherche. La notion de « film d'auteur » est née en France dans les années 50 quand les critiques influencés par les théories de Louis Delluc, Alexandre Astruc et André Bazin, qui constitueront par la suite la "Nouvelle Vague" – notamment François Truffaut – appellent de leurs vœux un cinéma brisant l'académisme de leurs aînés (par exemple Jean Delannoy et Claude Autant-Lara) et s'inspirant de cinéastes américains tels Alfred Hitchcock, Howard Hawks et John Ford. Dans un article des "Cahiers du cinéma" de 1955 où il évoque "Ali Baba" de Jacques Becker, Truffaut définit le concept théorique de « politique des auteurs » qui consiste à étudier un film comme la continuation des choix esthétiques d'un cinéaste et non comme une œuvre à part entière, imputable à une histoire ou à un genre précis. En conséquence, être auteur signifie que le réalisateur a l'entière autorité sur ses films. Il y dépasserait les contraintes techniques afin d'y définir son propre style. L'auteur est donc, selon Truffaut, celui qui imprime, dans ses travaux, des motifs originaux qui n'appartiennent qu'à lui seul. Cette conception, dominante dans le discours critique français depuis les 60, fait du metteur en scène l'unique créateur au détriment du scénariste ou du co-scénariste, du producteur et de l'équipe technique. Cette vision est contestée, voire rejetée depuis les 90, notamment par le critique franco-américain Noël Burch qui la juge trop limitée et uniquement tournée vers la forme. En Allemagne, le cinéma d'auteur est surtout représenté par le mouvement du "Nouveau Cinéma allemand" (Rainer Werner Fassbinder, Werner Herzog, Wim Wenders, etc). Selon eux, le réalisateur doit imprimer sa vision et son style, de la même manière qu'un écrivain dans le domaine de la littérature : c'est la métaphore de la « caméra-stylo ». Le film doit donc être considéré comme l'œuvre d'un auteur plutôt que comme un simple produit de divertissement manufacturé par l'« usine à rêves » d'Hollywood. Le terme « auteur » s'emploie aujourd'hui en anglais pour désigner les réalisateurs ayant un style propre ou une vision distinctive. Au Royaume-Uni, l'idée de cinéma d'auteur naît également dans les 50 avec les critiques-cinéastes de la revue "Sequence", admirative de l'œuvre de Jean Vigo et Jacques Prévert et proche des « Jeunes gens en colère ». Karel Reisz, Lindsay Anderson et Tony Richardson, fondateurs du "Free cinema", appellent à la refondation d'un cinéma en rupture avec la facture conventionnelle des productions britanniques majoritaires. Les réalisations qui en sont issues se veulent plus authentiques, singulières et ancrées dans une certaine réalité sociale. Lorsque le "Free cinema" est lancé à partir de 1956, Reisz déclare : « Nous travaillons hors du cadre habituel de l'industrie et nous avons en commun des préoccupations sociales que nous tentons d'exprimer dans nos films. ». L'auteur est donc un créateur indépendant qui se démarque par son engagement et l'acuité de son regard sur la société. En Europe de l'Est, certains jeunes auteurs, reconnus à l'international pour leur style novateur ou la justesse de leur observation sociale, commencent à émerger dans les années 60 avec l'apaisement temporaire de la gouvernance dans quelques États communistes et le relatif relâchement des comités de censure (Nouvelle Vague tchécoslovaque, Nouveau Cinéma polonais, etc.). À la fin des années 60, aux États-Unis, les cinéastes de la nouvelle génération se reconnaissent dans le concept d'« auteur » tel que le définit Truffaut et profitent de la crise financière au sein des grands studios pour y prendre le pouvoir et se mettre au centre de la conception et la production des films, ce dont ils avaient auparavant été privés. Les metteurs en scène du "Nouvel Hollywood" revendiquent alors l'autorité totale sur les œuvres cinématographiques dont ils façonnent le point de vue artistiqu. Ils tiennent ainsi à affirmer la cohérence de leur style. Dans les années 90, au Danemark, une démarche radicale de refondation du cinéma d'auteur est entreprise par les créateurs du "Dogme 95".