Un chalutier qui transportait des migrants a chaviré à 110 kms des côtes libyennes, dans la nuit du samedi 18 au dimanche 19 avril. 28 personnes ont pu être repêchées, mais leurs témoignages laissent craindre le pire : quelque 700 personnes se trouvaient en effet à bord de l'embarcation. Selon le Haut-commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés, elles auraient toutes perdu la vie. Ce terrible drame intervient une semaine après le naufrage de près de 400 personnes, toujours en Méditerranée. Selon les garde-côtes italiens, plus de 11.000 candidats à l'immigration en Europe ont débarqué dans les six derniers jours, et des centaines d'autres continuent d'arriver sur les côtes italiennes. Les sauveteurs "essaient de trouver des survivants au milieu des cadavres flottant à la surface de la mer", a affirmé, dimanche, le Premier ministre maltais, Joseph Muscat. Dimanche, 24 cadavres avaient été récupérés, selon les garde-côtes italiens, qui ne confirment pas le chiffre de 700 personnes à bord, mais précisent que ce chalutier de 20 mètres de long "est en capacité de transporter plusieurs centaines de personnes". Le chalutier a lancé, dans la nuit de samedi à dimanche, un appel au secours reçu par les garde-côtes italiens, qui ont aussitôt demandé à un cargo portugais de se dérouter. A son arrivée sur les lieux, à environ 120 milles (220 km) au sud de l'île italienne de Lampedusa, l'équipage du cargo a vu le chalutier chavirer. C'est probablement quand les centaines de migrants à bord se sont précipitées tous du même côté à l'arrivée du cargo portugais que le drame est survenu, ont indiqué les garde-côtes italiens dans un communiqué. Une importante opération de secours, coordonnée par les gardes-côtes italiens, a été mise en place avec le concours de quelque 17 navires des marines italienne et maltaise notamment, dès réception de l'alerte. Entre 500 et parfois 1.000 personnes sont, chaque jour, récupérées par les garde-côtes italiens ou des navires marchands. Plus de 11.000 ont ainsi été récupérés en une seule semaine, selon les garde-côtes. L'UE sur la sellette Plusieurs organisations internationales et humanitaires ont dénoncé ces derniers jours l'incurie des autorités européennes. "Il faut une opération Mare nostrum européenne", a ainsi réclamé Carlotta Sami, porte-parole du Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) en Italie. L'opération italienne Mare nostrum de sauvetage des migrants a été remplacée cette année par Triton, une opération de surveillance des frontières beaucoup plus modeste. Plus de 900 migrants ont perdu la vie depuis le début de l'année en effectuant la traversée entre la Libye et l'Italie, sans compter cette nouvelle tragédie, contre moins de 50 l'année dernière à la même époque, quand Mare nostrum était encore en place, ont relevé cette semaine les organisations humanitaires. Originaires essentiellement d'Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient, en particulier de Syrie, ces migrants s'efforcent de gagner l'Europe en traversant la Méditerranée sur des radeaux de fortune ou des bateaux surchargés. L'Union européenne, sommée d'en faire plus depuis des jours et à chaque nouveau drame, a annoncé qu'elle allait réunir ses ministres des Affaires étrangères et de l'Intérieur pour prendre des mesures. La chef de la diplomatie de l'UE, l'Italienne Federica Mogherini, a également décidé de mettre cette question à l'agenda de la réunion des ministres des Affaires étrangères lundi à Luxembourg. Le président français François Hollande a réitéré de son côté la nécessité d'une action européenne et d'une réunion d'urgence. Face à "une accélération" des drames depuis le début de l'année, "nous devons agir", a-t-il souligné, en indiquant avoir parlé avec le chef du gouvernement italien Matteo Renzi. Le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterrez, a plaidé dimanche pour une action urgente face à ce qui représente potentiellement "la plus grosse tragédie" de migrants jamais intervenue en Méditerranée.