Dakhla, ville marocaine par excellence, est en train de devenir capitale africaine par la force des évènements. Deux évènements internationaux qui démarrent le même jour. D'abord le Forum Crans Montana dont la tenue est maintenue du 12 au 14 mars, n'en déplaise à certains détracteurs qui se reconnaîtront. Dans la même foulée, et durant la même période, le Club des ports africain tiendra sa prochaine réunion dans le sillage du Forum Crans Montana, rassemblement qui réunira de nombreux chefs d'Etat, notamment africains, des chefs de gouvernement, des décideurs ainsi que des ONG internationales. Selon plusieurs organisateurs, le différend qui oppose le Maroc et l'Algérie sur le conflit artificiel du Sahara, n'influerait par sur la tenue du Forum tant que ce dernier s'attache fermement au fait que les principes de paix, de stabilité et de sécurité dans la région sont plus forts que d'autres considérations politiciennes. Au grand dam des Algériens et de leurs acolytes, le Forum Crans Montana a décidé de maintenir sa conférence internationale à Dakhla, qui sera, durant quatre jours, «la capitale de l'Afrique» au grand satisfecit du Maroc. Un Maroc qui ne ratera pas l'occasion d'une si importante manifestation qui, de surcroît, se déroule sur son territoire pour réitérer encore une dois, si besoin est, son message de paix au voisin algérien, même si ce dernier a fait feu de tout bois pour torpiller l'organisation de ce forum à Dakhla. Les thèmes abordés par ce FCM ne manquent pas d'intérêt : la promotion de la femme africaine, et la place de la jeunesse dans le développement, les ressources halieutiques, les échanges Sud-Sud et la liaison entre l'industrie maritime et l'arrière-pays africain. Par ailleurs, il y a aussi lieu de signaler la tenue simultanée à Dakhla, et en parallèle du FCM, de la réunion du Club des ports africains avec la participation de représentants d'autorités portuaires du continent. Une réunion qui ne manquerait pas de mettre en valeur la place du Maroc dans la chaîne logistique atlantique. Ce rendez-vous va rassembler des représentants d'autorités portuaires africaines et des responsables d'entreprises privées afin de débattre des grandes questions de la politique maritime et portuaire en Afrique. Les discussions des membres du Club des ports africains seront axées sur «le Sahara atlantique comme hub stratégique pour la moitié de l'Afrique», «les infrastructures performantes de transport» et les «investissements routiers et ferroviaires et développement des ports». Le Forum de Crans-Montana souligne le caractère ambitieux de la stratégie portuaire du Maroc à l'horizon 2030, «portée par une vocation d'aménagement du territoire qui va à l'encontre des préjugés limitant le portuaire marocain à Tanger Med et Casablanca». Dans cette stratégie, «le site de Dakhla prend toute son importance», sachant que l'Agence nationale des ports (ANP) prévoit de créer un nouveau port en eaux profondes dans la province de l'Oued Eddahab, a fait observer le FCM. Ce port sera situé à l'extérieur de la baie pour assurer son rôle d'outil logistique tant pour les produits de la pêche, principale industrie de la région, que dans un souci de «faciliter la structuration économique et sociale du Sud du Royaume», ajoute-t-il. L'organisation suisse indique que le nouveau port «aura des dessertes par porte-conteneurs vers les grands ports majeurs de la région, particulièrement ceux de Casablanca, Tanger-Med et Las Palmas, relevant qu'une telle dynamique va sans nul doute soutenir les efforts de développement visant à approvisionner l'économie locale. Voilà de quoi interpeller Alger à tirer la leçon de l'échec de ses tentatives de saborder la tenue de ce Forum au Maroc. Et comme l'a déclaré le politologue Roudani Cherkaoui au Site le 360, "le monde veut que la paix règne dans toute la région du Sahel allant du Sud de l'Algérie jusqu'au Mali en passant par la façade atlantique. L'entêtement d'Alger est voué à l'échec», analyse-t-il. «Il ne peut y avoir de coopération Sud-Sud sans paix ni stabilité dans la région. Le Maroc offre cette garantie», selon ce chercheur. En conclusion, note Cherkaoui, le Forum Crans Montana lance un appel implicite à l'Algérie se traduisant ainsi: «Il faut désormais un peu plus de courage et de détermination pour aborder et régler les vrais problèmes de notre époque».