L'ambassadeur du Maroc en Italie, Hassan Abouyoub, a plaidé pour une nouvelle vision à même de donner naissance à une nouvelle politique de la Méditerranée Europe, mettant notamment en relief la problématique que pose l'intégration dans les pays du vieux continent. "Il est nécessaire de mettre en œuvre une nouvelle vision basée sur de nouveaux paradigmes dans le but de donner naissance à une nouvelle politique de la Méditerranée en Europe afin de créer ensemble un espace économique qui puisse rétablir la compétitivité", a souligné M. Abouyoub lors d'un entretien à l'Agence d'information italienne, Agenzia Giorlanistica Italiana (AGI), en marge de la signature, vendredi dernier, d'un accord de coopération entre cet établissement médiatique italien et l'Agence Maghreb Arabe Presse (MAP). "Nous avons tout à gagner d'une gouvernance commune, nous luttons tous contre la corruption et nous sommes tous appelés à affronter la fiscalité de demain et à gérer la solidarité entre les générations. Ensemble, Europe et pays de la Méditerranée, nous pouvons affronter ce défi et aller de l'avant", a-t-il estimé. Après avoir fait observer que l'Europe "ne peut pas rester un espace fermé comme elle ne peut pas devenir une forteresse", le diplomate marocain a souligné que "jusqu'à présent, toutes les politiques européennes ont échoué en matière d'intégration de cultures diverses", estimant qu'"aussi bien l'Europe que ses pays membres n'ont pas un projet pour intégrer des réalités culturelles diverses". "L'Europe n'a pas réussi à comprendre ce besoin spirituel nécessaire pour créer des valeurs communes comme elle n'a pas réussi à créer un projet en mesure d'intégrer les diverses réalités culturelles en place", a-t-il poursuivi, relevant que le concept de "laïcité" ne favorise pas le multiculturalisme, mais "il a créé un espace de liberté sur le modèle judéo-chrétien, qui n'est pas conçu pour absorber d'autres religions, non pas seulement celle musulmane". Selon M. Abouyoub, la question de l'immigration a toujours été "gérée de manière complémentaire par les pays européens, à travers un travail d'un niveau modeste sur les plans social et cognitif. Le résultat est que cette population, qui est un capital humain, ressent qu'elle est diverse par rapport à la société de son pays d'origine et un corps étranger au sein de la société d'accueil". "Cette schizophrénie sociétale et identitaire est un point exclamatif sur lequel devraient réfléchir non seulement l'Europe, mais également les pays d'origine. Nous avons commis l'erreur de ne pas œuvrer ensemble en vue de créer le multiculturalisme", a-t-il dit. D'après le diplomate marocain, l'Italie "peut jouer un rôle de premier plan dans le cadre d'une politique européenne en Méditerranée, qui doit être élargie à l'Afrique et à l'Europe de l'Est, du Golfe de Guinée jusqu'à la mer Caspienne". Il a, par ailleurs, fait remarquer que "la paix est à la base des relations qu'entretiennent l'Italie et le Maroc, dont les rapports commerciaux remontent notamment à l'époque de la Sérénissime République de Venise, et dès lors le Royaume considère l'Italie comme un allié avec lequel on peut faire des miracles en matière de gouvernance entre le Nord et le Sud". Lors de la cérémonie de la signature de l'accord entre la MAP et l'AGI, M. Abouyoub, s'est félicité de la volonté des responsables des deux agences de donner une impulsion à leur coopération, estimant que "cet accord s'inscrit dans le cadre d'une vision à long terme qui donne à la technologie un espace plus large pour favoriser la coopération, dans un domaine aussi important que la communication, entre le Nord et le Sud". Ledit accord a été signé, vendredi dernier, par le Directeur général de la MAP, M. Khalil Hachimi Idrissi et l'Administrateur délégué de l'AGI, Gianni Di Giovanni. Aux termes de cet accord, les deux parties ont convenu d'échanger, via le réseau internet et les moyens techniques offerts, leurs informations aussi bien dans le domaine de l'information écrite qu'en matière de la communication multimédia. "Nous aspirons à instaurer une coopération complète avec l'AGI, qui englobe aussi bien l'information écrite qu'audiovisuelle", avait souligné M. Hachimi Idrissi, rappelant que la MAP compte sur un réseau de journalistes qui couvrent l'actualité dans tous les continents notamment en Afrique ainsi que dans le monde arabe. Pour sa part, M. Di Giovanni a fait observer que l'AGI "a toujours suivi avec un grand intérêt l'actualité dans le monde arabe ainsi que la situation dans les pays africains". "Nous sommes certains que le partenariat avec la MAP nous permettra de mieux jouer ce rôle de support et de stimulant pour impulser les relations entre l'Italie et le Maroc, et, à travers la MAP, les rapports de la péninsule avec les pays africains et arabes".