La baisse des prix du brut qui passe à moins de 70 dollars , son plus bas niveau depuis 5 ans, est une excellente nouvelle pour les pays importateurs mais absolument pas pour les producteurs ! Mais qu'est-ce qui se cache comme enjeux dans cette géopolitique qui sous-tend les guerres du pétrole, passées , actuelles et futures ? Le pétrole, une arme déployée par Washington et Ryad contre Moscou ? La planète est en train de vitre un contre-choc pétrolier, l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) ayant décidé le 30 novembre à Vienne de laisser son quota de production inchangé, faisant chuter les cours. Les experts expliquent cette baisse par l'atonie de l'économie mondiale et l'abondance de brut due à l'exploitation du pétrole de shiste en Amérique. La décision de l'OPEP va heurter et pénaliser les pays producteurs les plus fragiles et les plus peuplés : le Vénézuela, la Nigeria et l'Irak, et pourrait conduire la Russie à la récession dans 2 ans si les prix du brut restent aux alentours de 70 dollars. Le cartel du pétrole a un réel pouvoir sur le marché, dont la régulation ne dépend pas seulement des intérêts des pays producteurs, des consommateurs, mais il y a une véritable guerre pour le contrôle des cours du brut. En 1986, l'URSS accusait déjà les États-Unis d'avoir fomenté avec l'Arabie Saoudite un complot visant à l'affaiblir en organisant la chute des cours. Une accusation qui ressurgit actuellement avec la baisse actuelle des cours de l'or noir... Le 29 juillet 1986, l'OPEP, l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole, tient à Genève une réunion de crise Car l'heure est grave. Parce que l'Arabie Saoudite en a décidé ainsi, cela fait plusieurs mois que l'OPEP inonde les marchés mondiaux de son pétrole, ce qui entraîne inévitablement un effondrement des cours. Le pays en a plus qu'assez d'être le seul grand pays producteur de pétrole à respecter les quotas mis en place par l'OPEP et de fait limiter sa production pour maintenir les cours depuis plusieurs années. Il est vrai que dans ce domaine, ses partenaires ne sont pas vraiment de bons élèves, et en premier lieu l'Iran et l'Irak, en guerre depuis 1980, qui ont donc énormément besoin d'argent. Alors au début de l'année 1986, l'Arabie Saoudite ouvre les vannes à son tour, inondant le marché du pétrole. Un pétrole dont le prix qui tournait, autour de 40$ le baril depuis le second choc de 1979, chute brutalement, atteignant le prix des années 1950! C'est le contre-choc pétrolier, et ce n'est pas sans rappeler la situation actuelle. Situation dans laquelle l'OPEP refuse de réduire sa production, faisant ainsi dévisser le cours qui atteint son plus bas niveau depuis quatre ans. A l'époque comme aujourd'hui, ce choix entraîne de graves tensions au sein de l'OPEP. Mais cela a également des conséquences aux États-Unis où 5.000 puits de pétrole sont contraints à la ferméture car pas assez rentables. Cela avait également coûté très cher à l'Arabie Saoudite, tant et si bien qu'au coeur de l'été 1986, Ryiad fait volte face et change de politique :le gouvernement saoudien veut que les prix remontent Et les prix vont effectivement augmenter Pour autant, malgré les conséquences économiques douloureuses pour les USA , hier comme aujourd'hui, Moscou (mais aussi Caracas) y voit la main des Etats-Unis s'appuyant sur leur fidèle ami saoudien. Ainsi, en 1986, l'URSS crie au scandale et affirme que son rival a passé un accord avec l'Arabie Saoudite pour faire chuter les prix, et donc l'affaiblir. Ce sentiment de complot est par ailleurs exarcebé par la visite du Vice Président George Bush en Arabie Saoudite en avril 1986 alors que selon la Documentation Française, le baril de pétrole tombe à 7$. Selon Vladimir Poutine, l'histoire se répète, Barack Obama cherchant à l'affaiblir via l'Arabie Saoudite. Avec ce qui se passe comme trafic de pétrole en ce moment avec Daech en Irak et en Syrie, il y a énormémént de questions à se poser en ce qui concerne les complicités occidentales qui laissent faire et les pays qui profitent de ce trafic de brut !