L'Elysée a annoncé mardi le report «jusqu'à nouvel ordre» de la livraison du premier navire Mistral à la Russie. La Russie devra encore patienter avant de recevoir les navires militaires qu'elle a commandés à la France : l'Elysée a annoncé mardi le report «jusqu'à nouvel ordre» de la livraison du premier navire de combat Mistral, suspendue par Paris à un règlement de la crise en Ukraine. «Le Président de la République considère que la situation actuelle dans l'est de l'Ukraine ne permet toujours pas la livraison du premier BPC (Bâtiment de projection et de combat). Il a donc estimé qu'il convenait de surseoir, jusqu'à nouvel ordre, à l'examen de la demande d'autorisation nécessaire à l'exportation du premier BPC à la Fédération de Russie», déclare l'Elysée dans un communiqué. Le «Vladivostok» devait initialement être livré en octobre. Moscou n'a pas tardé à réagir tout en restant diplomatique : la Russie ne va pas «pour l'instant» poursuivre la France en justice. Nicolas Sarkozy, alors président de la République, se réjouit de la vente de deux navires de guerre Mistral à la Russie. Pierre Lellouche, le ministre du Commerce extérieur, s'extasiait encore davantage : «Ce contrat est historiquement et psychologiquement une nouvelle page». Il faut dire que le montant du contrat s'élève alors à 1,2 milliard d'euros. Une aubaine pour les chantiers navals de Saint-Nazaire. A l'époque, le premier navire est prévu d'être livré en décembre 2013. Côté russe, on a également le sourire. Un temps qui semble bien révolu. Car au mois de mars 2014, les relations entre la Russie et les pays occidentaux se tendent nettement. La guerre en Ukraine et le référendum sur le rattachement de la Crimée ont provoqué une crise diplomatique entre les deux camps. La France envisage alors de suspendre ses contrats d'armement avec la Russie. Mais le 20 mars, le ministre de la défense Jean-Yves le Drian annonce qu'aucune décision ne sera prise avant octobre. Finalement, le 10 mai 2014, François Hollande livre une première partie de réponse. «Ce contrat a été signé en 2011, il s'exécute et il trouvera son aboutissement au mois d'octobre prochain. Pour l'instant il n'est pas remis en cause», certifie alors le président de la République. Au grand dam des Etats-Unis, qui clament haut et fort que la France doit annuler la livraison des Mistral en représailles. Jusqu'à septembre de cette année, jamais la France n'avait émis de réserves sur la vente des navires de guerre. Mais à la rentrée, la situation en Ukraine pousse le Président de la République à suspendre la livraison des Mistral. L'Elysée soumet alors le contrat à deux conditions : un cessez-le-feu et un règlement politique de la crise ukrainienne.Il faut dire que la France est sous pression de ses partenaires, notamment les Etats-Unis et le Royaume-Uni, qui poussent toujours pour une annulation du contrat. Mais à Moscou, l'heure n'est pas à l'inquiétude. Car le contrat n'est pas annulé pour autant. Et les responsables russes rappelaient, déjà, que la France s'exposerait à de très lourdes pénalités financières si elle ne tenait pas ses engagements. La Russie annonce à la fin du mois d'octobre que la France tiendra bien ses engagements. Le Kremlin assure alors avoir reçu une invitation des chantiers de Saint-Nazaire pour une première livraison le 14 novembre. Une déclaration embarrassante pour la France. Car le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait indiqué que le président François Hollande rendrait sa décision sur la livraison controversée du Mistral à la Russie «courant novembre».Thierry Mariani, député UMP des Français de l'étranger, avait lui affirmé que les navires pourraient arriver en Russie, sur Europe 1.Mais à la mi-novembre, le dossier était toujours bloqué. Et les navires, eux, attendent toujours à Saint-Nazaire.