Guerre contre le terrorisme en Iraq et au Levant, guerre contre le terrorisme au Mali, guerre civile en Syrie, prise d'otages au Nigéria, attentat au parlement canadien à Ottawa... l'image de l'islam en général et du monde arabe en particulier pâtit de cette spirale de violence que rien ne semble en mesure d'endiguer. L'ignorance aidant, l'Occident commence alors à emprunter des raccourcis d'un déconcertant simplisme, confondant islam et islamisme, hijab et intégrisme, fête du Sacrifice et cruauté... Autant dire que la nuance se fait rare dans un contexte de stigmatisation de toute une communauté. Nourrissant l'incompréhension, certains chroniqueurs européens ou nord-américains s'érigent du jour au lendemain en experts de l'Islam exhortant leurs gouvernements à «prendre des mesures draconiennes pour protéger les enfants de la communauté musulmane contre les dérives de cette religion». Un discours qui trouve évidemment des oreilles réceptives par les temps qui courent et qui ne sont nullement propices à une pleine intégration de cette communauté dans sa société d'accueil. Entre la multiplication des actes racistes et la discrimination flagrante à l'embauche, il ne fait pas bon avoir un nom arabe ou un faciès facilement «repérable» ces jours-ci. Il suffit qu'un jeune homme désabusé et à qui on aurait fait subir un lavage de cerveau en règle commette un acte désespéré au nom du Jihad pour que le discrédit soit jeté sur toute la communauté. Ce qui place de facto toute une minorité sur le banc des accusés alors qu'elle est souvent la première à monter au créneau pour dénoncer les actes de violence. Et si on parlait de la campagne de 2003? Dans un autre ordre, les voix occidentales qui associent un peu trop facilement l'Islam à la violence au moment d'analyser la guerre contre le terrorisme en Iraq et au Levant par exemple, on un peu tendance à oublier la responsabilité directe des États-Unis dans ces événements. L'intervention américaine en 2003 sur la base de prétendues armes de destruction massives a eu pour conséquence de plonger tout un pays dans une spirale de violence. Washington qui avait par la suite justifié sa campagne par une volonté de «démocratiser» le pays s'est rapidement aperçu que l'Iraq n'est pas l'Idaho ou l'Iowa et que lorsque nous avons affaire à un État d'essence tribale et ethnique, on ne peut pas organiser du jour au lendemain des élections libres et transparentes sans préparation. Surtout lorsque les rancœurs cumulées sont palpables et qu'un rien suffit pour allumer la mèche. A cause des américains, sunnites, chiites, kurdes... s'en donnent maintenant à cœur joie et il y a réellement risque de voir l'unité du pays voler en éclat puisque les pays occidentaux sont en train de concocter un plan visant à créer un Kurdistan irakien indépendant de fait, ce qui arrangerait bien les affaires des grandes compagnies pétrolières. A chaque fois que certaines voix occidentales évoquent la situation en Iraq en associant un peu trop facilement l'Islam au terrorisme, elles feraient mieux d'avoir une petite pensée pour la campagne américaine de 2003. La situation en Palestine n'est guerre différente car tous ceux qui font semblant d'être ulcérés par les actes de violence perpétrés par des individus désespérés, devraient se souvenir justement des conditions dans lesquelles l'État d'Israël a été créé. La Déclaration de Balfour de 1917, concrétisée par les Américains en 1948 au nom du «traumatisme subi par le peuple juif» a spolié les Arabes de leurs terres et entraîné toute la région dans une spirale de violence sans précédent. On ne peut par conséquent passer sous silence la responsabilité historique des puissances occidentales dans les événements qui secouent cette région du monde. Bien entendu, comme l'histoire est écrite par les vainqueurs, ils ont un peu trop tendance à prendre des libertés vis-à-vis de certains faits jusqu'à ce que la lecture de l'actualité devienne tronquée et bien éloignée de la réalité. Parallèlement à cette responsabilité directe, la majorité des Occidentaux s'efforce de nous vendre sa propre vision de la laïcité sans le moindre discernement ni de prise en considération des cheminements différents que les sociétés ont pu connaître. Quand on vous dit que le monde doit fonctionner comme ça et pas autrement, c'est une forme de pensée unique qui n'a rien à envier à celle promue par l'autre bord. Or, dans les deux cas, un brin de nuance est vivement souhaitable.