Quand il évoque ses souvenirs et sa relation avec les grands du 7ème art dans le monde, c'est un volcan en irruption qui se trouve devant vous. Cinéastes, producteurs, acteurs, actrices et même techniciens qu'il a fréquenté au cours d'une carrière fulgurante à visages multiples, défilent dans son récit avec une précision inouïe de dates et de lieux. Lui c'est Abdou Achouba, professeur à la Sorbonne, journaliste, critique de cinéma, fondateur de la revue ‘Cinémarabe'' à Paris, réalisateur de talent, et producteur international devenu le premier Marocain et le premier arabe reconnu internationalement à diriger avec le jeune fondateur de ‘STUDIOS'', Daniel Taddei, l'un des plus grands centres cinématographiques, télévisuels et multimédias d'Europe: le mythique Studio De Paolis de Rome. Abdou Achouba se place désormais sur le toit du monde à partir de Rome où ‘tous les chemins de la gloire mènent les plus brillants et les plus émérites''. Quand il s'attelle à énumérer ses projets réalisés ou qu'il compte réaliser au Maroc, on ne peut qu'éprouver un sentiment de fierté devant un homme de cette graine fière de ses origines, de sa marocanité, de sa culture et de l'image moderne du Maroc. Quand sa riche expérience, son professionnalisme se conjuguent à sa légendaire discrétion dans un monde de lumière et de vedettariat, Achouba justifie l'adage ‘ne demandez pas ce que votre pays vous donne, mais plutôt ce que vous lui donnez''. En cette fin 2014, l'auteur de Taghounja vient d'ajouter au long édifice de sa carrière internationale une reconnaissance européenne : partenaire-associé du deuxième grand studio de cinéma italien, l'ex-mythique De Paolis, désormais connu sous le nom STUDIOS. Avec Cinecitta qui, miraculeusement renaît en cette même année de son profond silence (plusieurs superproductions seront réalisées dans ces studios à partir de l'année prochaine dont le remake de Ben hur et Zoolander 2), crise mondiale oblige, l'ex-De Paolis mérite une ‘lecture respectueuse'' de son histoire. Situé dans l'historique quartier Tiburtina, STUDIOS voit le jour en 1942 par la volonté de l'industriel Angelo de Paolis et l'architecte Antonio Valente. Juste après la 2ème guerre mondiale, en 1947, naîtra la société De Paolis industria Cinématografica romana. Seront immortalisés dans ces lieux des films et chef d'œuvres d'Antonioni, Fellini, Pasolini, Godard, Vajda, Glauber Rocha. En 1969, un violent incendie détruit le studio 5, le plus grand d'Europe. Suivront des années de diète noire malgré l'illustre tournage du film ‘Nuovo Cinema Paradiso'' de Giseppe Tornatore, oscar du meilleur film étranger. Depuis lors jusqu'à la fin de la décennie quatre-vingt-dix, De Paolis Studio est un navire fantôme en dérive et en faillite condamné à l'oubli. Le défi sera réalisé par le jeune industriel italien, Daniel Taddei, enfant du quartier Tibourtina, jaloux nostalgique mais visionnaire comme golden boy des nouveaux médias de l'ère internet et du numérique. En 1997, Taddei obtient du tribunal administratif des droits longue durée pour un euro symbolique. Les nouveaux STUDIOS sont nés. La rencontre entre Taddei et Achouba va dans le sens du dynamisme et de la volonté des hommes entreprenants et précurseurs. En 2004, Achouba venait juste de se séparer de l'actrice italienne Giuliana De Sio et de finir avec grand succès la saga ‘la Bible'' (dix années de tournage à Ouarzazate). Taddei ouvre ses STUDIOS aux jeunes cinéastes italiens de talent, mais limités financièrement pour réaliser leurs rêves. Parmi eux figure l'oscarisé Giuseppe Tornatore qui tournera son second film ‘MALENA'' avec l'actrice Monica Bellucci. Les intérieurs du film sont tournés aux STUDIOS, à Rome, et tout le reste du film à El Jadida et Essaouira. En qualité de producteur-associé Achouba a quasiment sauvé ‘Malena'' d'une faillite annoncée. Désormais, Taddei et Achouba savent ce que l'un représente pour l'autre. Un lien profond unira les deux hommes pour un destin complémentaire. Toujours à Rome, en 2012, Achouba venait de finir la post-production du film ‘Le Premier Homme'' de Gianni Amelio, qui s'inspire de l'œuvre posthume d'Albert Camus. Entièrement tourné en Algérie et coproduit par le Français Bruno Pessery, ce film obtient le grand prix du Festival de Toronto, au Canada. Une projection ‘émouvante et inoubliable'' a eu lieu lors du festival de la Musique sacrée de Fès 2013. La presse internationale a salué l'œuvre littéraire et l'adaptation cinématographique qu'en était faite. Ses promoteurs sont encensés et admirés. Achouba, comme son entourage le sait bien, a le triomphe modeste car c'est toujours l'''après'' qui l'intéresse, le motive comme son choix libre et mûrement réfléchi de ne pas déposer sa candidature au poste de directeur du Centre Cinématographique Marocain. ‘C'est pas le moment'' répétait-il à plusieurs reprises comme pour convaincre les professionnels et ses admirateurs du bien-fondé de son choix. Don act ! Ave Cesar. En cette fin 2014 comme pour se lancer le grand défi de sa carrière professionnelle, il a repris son bâton pèlerin, ouvert son extraordinaire carnet d'adresses pour drainer des capitaux, de gros financements arabes et européens et les injecter avec la complicité de son ami Taddei dans les STUDIOS Rome. La crise européenne est profonde, longue, injuste envers les démunis et les classes sociales pauvres ou en chômage. A Rome même, à quelque kilomètres, à peine des STUDIOS, le bruit de la furie, l'exaspération des Italiens contre les immigrés africains sonne dans les oreilles d'Abdou Achouba comme de tout homme de bonne volonté. Alors, si la réussite financière est au bout de la démarche entreprise pour convaincre les futurs investisseurs (surtout arabes) que la culture et l'art sont porteurs d'un plus économiquement, la richesse d'un multimédia universel sera traduite en bien être pour tout le monde qui vit du 7è art et de ses dérivés. Dès lors, Abdou Achouba sera au sommet de son savoir-faire, de son professionnalisme. Sa quête ininterrompue trouvera son Graal ! Rome sera-t-elle pour lui le toit du monde ? Il y est presque !