Le cinéaste marocain, Abdou Achouba a participé en tant que producteur associé à l'adaptation du dernier roman inachevé d'Albert Camus (1913-1960), “le premier homme", par le réalisateur italien de renom, Gianni Amelio et dont la sortie en salle est prévue début avril en France. Le manuscrit de ce roman retrouvé dans la sacoche de l'écrivain après l'accident de voiture qui lui a coûté la vie en France en 1960 et publié à titre posthume en 1994, est considéré comme un récit autobiographique d'Albert Camus (Prix Nobel de littérature en 1957). Il s'agit d'une grande fresque de son Algérie natale, depuis l'arrivée des premiers colons français aux premières bombes du FLN, en passant par la dure condition du petit peuple arabe et pieds-noirs confondus. Le film “Le premier homme" nous montre un Albert Camus de retour à Alger en 1957 pour revoir sa mère qui ne veut pas quitter son Algérie natale pour la France alors que le pays est déjà en guerre. Un séjour qui permettra à l'auteur de “l'Etranger" et de la Peste" d'évoquer son enfance et ses années de lycée en milieu pauvre, l'absence du père, mort pendant la première guerre et qu'il n'a jamais connu, sa mère analphabète qui ne lira jamais ses livres, le soutien de l'instituteur qui lui a permis d'échapper à un destin de prolétaire, ses amis arabes, ses adversaires français qui l'accusent de traître de la cause de l'Algérie française. Abdou Achouba qui vit entre le Maroc et l'Italie a été associé au producteur français Bruno Pessery et au co-producteur italien Ricardo Tozzi pour la réalisation de ce film dont la projection récemment en avant-première à Paris, au siège du groupe France Télévisions, s'est déroulée en présence des acteurs principaux et de la fille du romancier, Catherine Camus qui a dit se reconnaître dans la figure de son père incarnée à l'écran par Jacques Gamblin. A l'affiche figurent également d'autres grands acteurs français, notamment Catherine Sola dans le rôle de mère de Camus et Denis Podalydès, de la Comédie française, qui joue l'instituteur. Le réalisateur, Gianni Amelio qui a commencé sa carrière de réalisateur à la télévision italienne avant de se consacrer au 7 ème art, a remporté notamment le Lion d'Or à la Mostra de Venise pour son film “Mon frère" (1998) et le Grand Prix de Festival de Cannes pour “les enfants volés" (1992). Il a également dirigé des grands acteurs tels le français Jean-Louis Trintignant, Laura Morante et Gian Maria Volonté. “Le premier homme", entièrement tournée en Algérie et déjà sorti en Italie et au Japon, a connu un bon accueil lors de l'avant-première internationale au Festival international du film de Toronto en 2011, où il a emporté le Grand Prix ainsi que le Prix de la critique internationale. Abdou Achouba dont les cinéphiles marocains se rappellent le long métrage “Taghounja" (1980) , une plongée dans l'art traditionnel et la mystique marocaine avec Nass El Ghiwane, a été, tour à tour, et après ses diplômes en Sciences politiques à la Sorbonne et de cinéma du mythique IDHEC de Paris, réalisateur, enseignant en cinéma, critique et producteur international. Et pas des moindres célébrités mondiales tels Ettore Scola, Ermano Olmi ou Marco Ferreri. Passionné de la photographie d'art, il a , par ailleurs, produit avec son ami Fabio Fasolini un beau livre “Maroc" du célèbre photographe américain Albert Watson, un chef d'œuvre en noir et blanc reconnu par la critique internationale et dédié à S.M le Roi Mohammed VI. Celui qui se définit actuellement en tant qu' “ambassadeur itinérant des arts et de la culture" du Maroc, a annoncé à la MAP qu'il était, et toujours avec le producteur Bruno Pessery, dans l'attente de la réponse du célèbre réalisateur Oliver Stone, pour pouvoir ramener au Maroc le tournage d'un film adapté du roman “Katiba" de Jean-Christophe Rufin , l'ex-ambassadeur français à Dakar et membre de l'Académie française. Ce livre, inspiré par l'assassinat de quatre touristes français en 2007 en Mauritanie, romance, avant l'heure, le danger d'AQMI et des groupes armés qui évoluent entre le sud de l'Algérie, la Mauritanie en passant par le Niger et le Mali où la guerre est déclarée par la France, depuis janvier contre le terrorisme. Au-delà de son travail méritoire sur la scène internationale, où le professionnalisme se conjugue à la discrétion de l'artiste dans l'ombre, dans un monde de projecteurs et de lumière, Abdou Achouba promet, à son retour au Maroc, d'autres projets d'envergure et de prestige pour lui, comme pour son pays.