Le Maroc demande à la France de «réparer une injustice» en le retirant de la liste des pays où elle appelle ses ressortissants à une «vigilance renforcée», a déclaré jeudi le ministre de l'Intérieur, Mohamed Hassad, fustigeant une décision «totalement incompréhensible». La France a publié le mois dernier une liste de 40 pays dans lesquels elle appelle ses ressortissants à une «vigilance renforcée», dans la foulée de menaces proférées par le groupe Etat islamique (EI) et l'assassinat d'Hervé Gourdel en Algérie. Depuis, des professionnels du secteur évoquent une baisse de la fréquentation d'environ 15% au Maroc et en Tunisie, deux destinations d'ordinaire privilégiées, mais qui figurent sur la liste du Quai d'Orsay. Pour se justifier, Paris a souligné que cet appel ne visait qu'une petite partie du territoire marocain, et que la «quasi-totalité» du royaume restait en «vigilance normale». «La présence du Maroc dans cette liste est totalement incompréhensible. (...) Nous souhaitons que le ministère français des Affaires étrangères répare cette injustice», affirme toutefois Mohamed Hassad dans un entretien au quotidien L'Economiste. Tout en se montrant rassurant pour le tourisme marocain --»la population (française) ne suit pas du tout la consigne (du Quai d'Orsay)»--, le haut responsable marocain ne masque pas un certain agacement, sur fond de tensions diplomatiques. «Avant de déclasser le Maroc, il faudrait d'abord s'occuper du classement des risques en France. Aujourd'hui, je ne suis pas certain que la France soit plus sûre que le Maroc», dit-il. D'ordinaire bien cadrée, la relation entre Paris et Rabat, deux proches alliés, est très tendue depuis février et le dépôt à Paris de plaintes pour torture à l'encontre de hauts responsables marocains, notamment le patron du contre-espionnage du Royaume Abdelattif Hammouchi. En réaction, Rabat a suspendu la coopération judiciaire avec Paris, et les discussions pour sortir du contentieux semblent piétiner. Dans l'entretien publié jeudi, le ministre marocain répète que «des discussions sont en cours». «J'espère que cela va aboutir bientôt», ajoute-t-il. Mi-octobre, le président français François Hollande a de son côté affirmé sa volonté de «dépasser toutes les difficultés», tout en louant «le travail du Maroc pour promouvoir un discours de modération, de tolérance et de paix». «C'est un témoignage qui nous honore», a réagi Mohamed Hassad.