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Le Maroc lance un plan national de prévention Ebola «menace la paix et la sécurité internationales» : Le Conseil de sécurité réclame une hausse «spectaculaire» de l'aide
Face à «la plus grave urgence sanitaire de ces dernières années», le Conseil de sécurité de l'ONU a réclamé une hausse «spectaculaire» des aides des pays membres pour lutter contre l'épidémie d'Ebola, qui a déjà fait près de 4.500 morts. De nombreux pays occidentaux, pour certains désormais directements touchés par des cas de contagion sur le sol, ont décidé de renforcer les mesures de contrôle aux frontières. «La progression sans précédent de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest représente une menace pour la paix et la sécurité internationales», a de nouveau martelé mercredi soir le Conseil. Il a demandé aux pays membres de l'ONU «d'accélérer et d'étendre de manière spectaculaire leur aide financière et matérielle» aux pays touchés. Selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), la fièvre hémorragique a fait 4.493 morts sur 8.997 cas enregistrés dans sept pays (Liberia, Sierra Leone, Guinée, Nigeria, Sénégal, Espagne et Etats-Unis). L'OMS craint une envolée du nombre de contaminations, qui pourrait grimper à 10.000 nouveaux cas par semaine d'ici la fin de l'année en Afrique de l'Ouest, pour un millier actuellement. Même si les règles à suivre paraissent connues, l'OMS a indiqué travailler à une normalisation de ces procédures pour aider les Etats à les appliquer, admettant ainsi implicitement qu'il existe des failles dans les dispositifs actuels. Face à l'urgence, le président Barack Obama a annulé tous ses déplacements mercredi et jeudi et promis une réponse «beaucoup plus agressive» pour éviter de nouveaux cas après la contamination de deux soignantes aux Etats-Unis. Cette deuxième contamination est «très inquiétante», ont avoué les autorités sanitaires, qui se «préparent à l'éventualité de nouveaux cas dans les jours prochains». Une vidéo conférence s'est tenue entre le président Obama, la chancelière allemande Angela Merkel, le président français François Hollande et les chefs de gouvernement britannique et italien David Cameron et Matteo Renzi. Renforcement des contrôles Selon la Maison Blanche, il a demandé aux dirigeants européens de faire un effort plus important. Une critique récurrente alors que les Etats-Unis ont envoyé des centaines de militaires dans la zone de crise et promis de débloquer des centaines de millions de dollars. Les ministres de la Santé de l'UE se réunissaient hier jeudi à Bruxelles pour rassurer les Européens, après l'annonce la semaine dernière de la contamination d'une aide-soignante à Madrid. Dès hier, des mesures additionnelles de contrôle allaient être instaurées dans quatre aéroports américains: les aéroports Liberty à Newark (près de New York), O'Hare à Chicago, Hartsfield à Atlanta, et Dulles à Washington. En France, le président François Hollande a annoncé la mise en place «d'un dispositif de contrôles à l'arrivée des vols en provenance de la zone touchée par le virus». Il sera déployé à partir de samedi dans le seul aéroport de Roissy Charles de Gaulle à Paris. Le Maroc a de son côté annoncé le lancement d'un «plan national» pour «empêcher l'entrée du virus Ebola» dans le royaume, un des rares pays à avoir maintenu ses liaisons aériennes directes avec les principaux foyers de l'épidémie en Afrique de l'Ouest. A Dubaï, le premier cas suspect dans le Golfe a été repéré mercredi. Le passager, qui arrivait du Liberia via le Maroc, a été immédiatement placé en quarantaine. Changer les comportements Pour la Fédération internationale des Sociétés de Croix Rouge et du Croissant Rouge (IFRC), dont les volontaires sont engagés en première ligne en Afrique de l'Ouest, les mesures de précaution dans les aéroports sont nécessaires, mais pour contrôler cette crise il faut du temps et une action de terrain à la source de l'épidémie. Elle vise à comprendre les comportements des populations afin de les faire évoluer et limiter les risques de transmission. «Ce que nous avons appris bien avant Ebola c'est que partager une information ce n'est pas pareil qu'apprendre et comprendre. C'est une des raisons pour laquelle l'impact de l'information (...) est long à se faire sentir», a expliqué aux journalistes à Genève Matthias Schmale, Secrétaire général adjoint de l'IFRC. «Cela prend du temps pour changer les comportements, on l'a vu à propos du combat contre le sida. C'est une course contre le temps, pour être sûr non seulement que l'information est transmise mais que tout est fait pour l'accompagner». Le Maroc sur le qui-vive Au niveau national, Le ministère de la Santé a annoncé mercredi le lancement d'un «plan national» pour «empêcher l'entrée du virus Ebola» dans le royaume. Ce plan comporte une série de mesures destinées principalement à la «détection précoce des cas de contamination», a affirmé le ministre de la Santé M. Lahoucine Louardi tout en relevant que celles-ci ne constituaient pas une garantie face la propagation «inquiétante» du virus. Les aéroports et les avions ont ainsi été équipés de caméras thermiques pour «détecter les cas suspects», a-t-il indiqué à la presse. Quatre laboratoires ont par ailleurs été équipés de matériels d'analyse «rapide» pour les personnes éventuellement contaminées, a ajouté M. Louardi. Le département de la Santé a également annoncé la mise en place d'une ligne téléphonique gratuite, afin de «répondre aux questions des citoyens». Le Maroc, via sa compagnie nationale Royal Air Maroc, est le seul pays à avoir maintenu l'intégralité de ses liaisons aériennes quotidiennes avec les pays d'Afrique de l'Ouest les plus frappés par l'épidémie d'Ebola (Guinée, le Liberia et la Sierra Leone). A ce titre, les services du ministère de la Santé suivent le cas de «35 à 39 ressortissants» étrangers, provenant essentiellement de ces pays et qui sont entrés récemment au Maroc, étant donné la durée d'incubation du virus (jusqu'à 21 jours), a encore indiqué M. Louardi. Même si aucun cas de virus Ebola n'a été enregistré à ce jour dans le royaume, le Maroc avait déjà annoncé le mois dernier une «élévation» du niveau de vigilance face à la propagation de l'épidémie. Outre ses liaisons aériennes en Afrique de l'Ouest, le Maroc est grandement concerné car il doit, en principe, accueillir en janvier la Coupe d'Afrique des nations (CAN-2015) de football, la plus importante compétition sportive du continent. Les autorités marocaines ont réclamé vendredi dernier le report de cette épreuve auprès de la Confédération africaine (CAF), qui pour l'heure a dit maintenir les dates. Les deux parties doivent se rencontrer prochainement pour étudier cette demande.