Les affrontements entre forces de l'ordre et protestataires, en cours depuis samedi dernier dans la région de Ghardaia (600 km au sud d'Alger), ont fait, mardi, une troisième victime, qui aurait été touchée par une bombe lacrymogène, a indiqué un militant local. «Il s'agit d'un Mozabite qui est mort après avoir reçu une bombe lacrymogène à la poitrine» dans la ville de Ghardaia, a dit un membre de la Cellule de Coordination et de suivi des événements dans la région, dans des déclarations à la presse locale. Les deux premières victimes ont été enregistrées, la veille, dans la localité voisine de Berriane, à 45 km au nord de la capitale de la vallée du Mzab. Face à la nouvelle escalade et la blessure de certains de leurs collègues, des policiers déployés à Ghardaia ont manifesté, lundi et mardi, contre les conditions hostiles dans lesquelles ils accomplissent leur mission dans cette région embrasée par des affrontements intercommunautaires depuis plusieurs mois. En solidarité avec leurs collègues frondeurs, des centaines de policiers se sont rassemblés, dans l'après-midi, devant le palais de gouvernement pour réclamer l'amélioration de leur situation morale et matérielle. La dégradation rapide de la situation a poussé le ministre de l'Intérieur Tayeb Belaiz à se rendre à Ghardaia, en compagnie du directeur général de la sûreté nationale, le général Abdelghani Hamel, dont le départ a été réclamé par les policiers frondeurs, selon une vidéo diffusée sur Internet. Entre-temps, des milliers de personnes ont effectué une marche à Berriane pour demander la vérité sur la mort de deux jeunes lors des récents affrontements et la traduction des responsables devant la justice. Réagissant à ces développements tragiques, le candidat malheureux à l'élection présidentielle Ali Benflis a souligné que ces événements «ne sont que la manifestation d'une crise profonde à laquelle une gouvernance mal inspirée, désinvolte et irresponsable n'a pas su ou n'a pas pu apporter une solution à la mesure de son ampleur et de sa complexité». «C'est, sans conteste, de Ghardaïa même que nous est livrée la réalité de la vacance du pouvoir (allusion à la maladie du chef de l'Etat) et des dégâts ravageurs qu'elle provoque sur la gestion des affaires publiques», a-t-il dit dans un communiqué mis en ligne. D'après l'ancien Premier ministre, «la tragédie de Ghardaïa n'aurait jamais pris ces proportions avec un pouvoir présent, légitime et crédible». La wilaya de Ghardaïa, qui a connu une accalmie relative l'été dernier, est le théâtre de violences récurrentes entre la communauté mozabite berbérophone, de rite ibadite, et celle des Chaâmbas arabophones malékites. Les affrontements entre les deux communautés ont fait, depuis le début de l'année, pas moins de vingt morts et des dizaines de blessés, ainsi qu'un nombre incalculable de biens publics et privés détruits ou incendiés.