Le Maroc a fustigé, jeudi à Genève, la position de l'Algérie sur les droits de l'Homme au Sahara marocain, critiquant son «attitude hostile et irresponsable» sur cette question devant le Conseil des droits de l'Homme (CDH). «Nous rejetons les allégations mensongères de l'Algérie au sujet de prétendues violations des droits de l'Homme au Sahara», a déclaré le chargé d'affaires du Royaume à Genève, M. Hassan Boukili lors d'une séance plénière du conseil. Il réagissait à une intervention tendancieuse de la délégation algérienne sur «des atteintes aux droits de l'Homme» dans les provinces du Sud et «le nécessaire élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance de la situation des droits humains». M. Boukili a ainsi rappelé à la délégation d'Algérie que ce pays voisin refuse depuis des années d'accorder l'accès au Groupe de travail sur la détention arbitraire (GTDA) «de peur qu'il dévoile la réalité amère de la détention arbitraire en Algérie». «Avant de critiquer le Maroc à la lumière du rapport de visite du GTDA, les autorités algériennes devraient au moins laisser ce mécanisme onusien visiter le pays comme l'a fait le Royaume», a-t-il relevé. Le diplomate a en outre rappelé que le pays voisin «s'oppose paradoxalement depuis des années à la visite du Groupe de travail sur les disparitions forcées et continue de harceler les familles des victimes». «Le nombre des disparitions forcées non encore élucidées dépassent largement les 7.000 cas en Algérie. C'est l'un des records les plus tristes au monde», a-t-il déploré. «L'Algérie qui critique les droits de l'homme au Sahara marocain détient le record du monde en termes de refus des demandes de visite des procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme», a-t-il précisé. Citant des déclarations d'ONG internationales, M. Boukili a indiqué que l'Algérie est le seul pays dans la région qui continue à refuser des visas d'accès aux organisations des droits de l'Homme, dont Amnesty International qui est interdite d'accès à ce pays depuis 2005. «L'Algérie qui critique les droits de l'Homme au Maroc ne peut pas occulter les violations de ces mêmes droits et les crimes commis dans les camps de Tindouf, érigés en zone de non-droit où tous les abus sont autorisés, voire protégés, par le soi-disant pays hôte des populations», a-t-il fait observer. «Pire, les pratiques de disparitions forcées, de détention arbitraire et de torture en Algérie ne concernent pas uniquement les défenseurs algériens des droits humains dont les activistes kabyles, mozabites et autres», a affirmé le diplomate marocain. Ces agissements, a-t-il expliqué, s'étendent également aux sahraouis des camps de Tindouf qui expriment une opinion dissidente de la pensée unique du polisario. Il a cité le cas de Mustapha Ould Salma, ancien chef de la police des camps et Ahmed Lakhlil, haut responsable politique du polisario, qui a été récemment enlevé à Alger et détenu arbitrairement. «C'est la preuve que l'Algérie a trop de problèmes internes à régler sur le plan des droits de l'homme et qu'elle est mal placée pour critiquer le Maroc, qui mène des réformes démocratiques pionnières dans la région», a fait valoir M. Boukili. Le chargé d'affaires a considéré que dans un monde meilleur, débarrassé des pesanteurs des années 60, le Royaume aurait pu servir à l'Algérie de bonne référence en matière de justice transitionnelle. «La main du Maroc demeure tendue pour la coopération mais aussi pour faire face à toute manœuvre visant à porter atteinte à son unité nationale et son intégrité territoriale», a-t-il conclu.