Le Maroc adopte une stratégie globale de lutte anti-terroriste soucieuse des droits de l'Homme et des exigences du développement, a affirmé mardi à Genève Mohamed Ouzgane, gouverneur, directeur de la réglementation et des libertés publiques au ministère de l'Intérieur. «Les mesures prises sont à la fois globales, proactives et multidimensionnelles», a souligné M. Ouzgane lors d'un panel sur «la lutte contre le terrorisme et les droits de l'Homme» organisé à l'occasion de la 27e session Conseil des droits de l'Homme de l'ONU. Cette rencontre a été marquée par la présence de plusieurs experts académiques, militants des droits de l'Homme, diplomates et responsables, dont le délégué interministériel aux droits de l'Homme, Mahjoub El Hiba, et le chargé d'affaires du Maroc à Genève, Hassan Boukili. Selon M. Ouzgane, la lutte contre les fragilités sécuritaires et les différentes formes de menaces, qu'elles soient terroristes ou criminelles, passe aussi par le développement économique, social et humain et vise l'assèchement des causes de la radicalisation. Il a expliqué que la stratégie marocaine en la matière recouvre les domaines à la fois institutionnel, économique, socio-culturel, éducatif, religieux et médiatique, dans une logique de lutte contre ce fléau par le développement humain et le renforcement de l'Etat de droit. Cette stratégie émane de l'attachement du Royaume aux valeurs de la tolérance, des droits de l'Homme, aux libertés fondamentales et à la primauté du droit, a-t-il dit, indiquant qu'elle converge avec l'action de lutte contre le terrorisme de l'ONU et se conforme à la Charte ainsi qu'aux autres résolutions pertinentes des Nations Unies. Au-delà de la vigilance sécuritaire qui a permis d'anticiper d'éventuelles attaques terroristes, a-t-il fait observer, le Maroc a très tôt pris conscience de la nécessité d'intensifier ses efforts pour barrer la route à ce phénomène en adoptant une stratégie préventive multidimensionnelle. Toutefois, a noté le gouverneur, «quel que soit le degré de vigilance, le défi que suppose l'étendue de la menace terroriste dépasse les moyens d'un seul Etat. C'est un phénomène international qui encercle tous les pays». Relevant le développement graduel de l'arsenal juridique marocain en matière de prévention et de lutte contre le terrorisme, M. Ouzgane a cité la loi contre le terrorisme sur le financement du terrorisme adoptée en mai 2003 et celle contre le blanchiment d'argent (2007). Il a également évoqué la mise en place d'une cellule de renseignements financiers en avril 2009 et l'introduction en mai 2013 d'un amendement à la loi sur le financement du terrorisme en vue de se conformer avec les recommandations du Groupe d'action financière internationale (GAFI). Par ailleurs, il a rappelé le lancement en avril 2004 par SM le Roi Mohammed VI des premiers jalons d'une stratégie de restructuration du champ religieux au Maroc. Cette restructuration, a-t-il précisé, a pour but d'impulser et de renouveler le champ religieux en vue de prémunir le Royaume contre les velléités d'extrémisme et de terrorisme, et de préserver son identité qui porte le sceau de la pondération, la modération et la tolérance. Il s'agit aussi, a-t-il dit, d'assurer «la sécurité spirituelle des citoyens contre les influences extrémistes qui sont étrangères aux spécificités millénaires de l'Islam marocain». M. Ouzgane n'a pas manqué de rappeler que l'Initiative nationale pour le développement humain, lancée par SM le Roi en 2005, vise la lutte contre la pauvreté, la précarité et l'exclusion sociale. En matière d'élargissement du champ des libertés, le Royaume s'est doté de la Plateforme citoyenne pour la promotion de la culture des droits de l'Homme, lancée en février 2007 et regroupant des représentants des départements gouvernementaux, des institutions nationales et de la société civile. Il a en outre indiqué qu'en 2008, le Maroc a lancé un plan d'action national en matière de démocratie et des droits de l'Homme. L'objectif de ce plan est de consolider les acquis en matière de démocratie et l'intégration effective des principes de droits de l'Homme à travers la mise en place d'une politique publique en la matière. Les débats qui ont eu lieu lors de ce panel ont porté sur le phénomène des combattants étrangers, la conciliation entre combat contre le terrorisme et respect des droits humains ainsi que les moyens d'établir un mécanisme international efficace de lutte contre ce fléau.