Le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé lundi les Etats du Sahel et du Maghreb à intensifier la coopération interrégionale. Dans une déclaration présidentielle adoptée à l'unanimité des Quinze, le Conseil a exhorté «les Etats du Sahel et du Maghreb à intensifier la coopération et la coordination interrégionales» et plaidé pour une «stratégie globale» de lutte contre le terrorisme. Cette déclaration a été adoptée dans le cadre d'une réunion du CS de l'ONU sur les «défis liés à la lutte contre le terrorisme en Afrique dans le contexte du maintien de la paix et de la sécurité internationales», organisée à l'initiative du Togo qui préside l'Organe exécutif pour le mois de mai. En vertu de cette déclaration, le Conseil engage les «Etats du Sahel et du Maghreb à intensifier la coopération et la coordination interrégionales en vue d'élaborer des stratégies de lutte non sélectives et efficaces pour combattre de manière globale et intégrée les activités des groupes terroristes, à savoir Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), le Mouvement pour l'unicité et le Jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) et Ansar Eddine et à prévenir leur expansion». Il les invite également à «contenir la prolifération de toutes armes et formes de criminalité transnationale organisée, notamment le trafic de drogues». Les Quinze évoquent, à ce propos, notamment le texte adopté à la «Conférence sur la coopération pour le contrôle des frontières au Sahel et au Maghreb, organisée à Rabat» et prennent note de la publication du Mémorandum de Rabat sur les «bonnes pratiques pour des actions efficaces de lutte contre le terrorisme dans le secteur de la justice pénale». Dans une intervention devant le Conseil de sécurité, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a averti contre la «présence de groupes terroristes (qui) s'est accentuée sur ce continent, faisant planer une menace pour la paix, la sécurité et le développement de l'Afrique». «D'Al-Chabaab, dans l'est, à Boko Haram, dans l'ouest et à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), dans le nord, les groupes extrémistes et les entités terroristes se sont renforcés dans plusieurs régions du continent», a expliqué le patron de l'ONU lors de cette réunion présidée par le Chef d'Etat togolais Faure Gnassingbé. Au cours des derniers mois, la communauté internationale a fait face avec détermination à la dégradation rapide de la situation au Mali et au Sahel en général, a rappelé le Secrétaire général, en précisant qu'une opération de maintien de la paix avait été déployée en vue d'aider les autorités de transition maliennes à étendre l'autorité de l'Etat et à bâtir des instruments de gouvernance légitimes. «Les avancées militaires, aussi importantes soient-elles, ne suffiront pas, à elles seules, à éliminer le terrorisme en Afrique», a néanmoins rappelé M. Ban, ajoutant qu'un tel combat devait se dérouler sur plusieurs fronts et s'attaquer aux conditions qui favorisent le développement du terrorisme. Sans une approche soutenue et intégrée, le risque est de déplacer la menace d'une région à une autre, a expliqué le Secrétaire général, citant l'exemple du Sahel, où l'ONU développe actuellement une stratégie intégrée visant notamment à renforcer la gouvernance et l'état de droit, ainsi que les mécanismes de sécurité nationale et régionale. Le Maroc contribuera activement au succès de la stratégie intégrée de l'ONU pour le Sahel Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Saad Dine El Otmani a souligné, lundi à New York, la détermination du Maroc à oeuvrer «activement pour le succès de la stratégie intégrée de l'ONU pour le Sahel», qui sera présentée en juin prochain. Le Maroc, qui a été parmi les premiers pays à tirer la sonnette d'alarme face à la menace sécuritaire dans certaines régions du continent africain, particulièrement dans la région du Sahel et d'Afrique de l'ouest ainsi que dans le Golfe de Guinée et la Corne de l'Afrique, «est disposé à contribuer activement au succès et à la mise en oeuvre de la prochaine stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel», a dit le ministre devant le Conseil de sécurité de l'ONU. M. El Otmani intervenait dans le cadre d'une réunion du CS de l'ONU sur les «défis liés à la lutte contre le terrorisme en Afrique dans le contexte du maintien de la paix et de la sécurité internationales», organisée à l'initiative du Togo qui préside l'Organe exécutif pour le mois de mai. Le Maroc, a-t-il ajouté lors de cette réunion présidée par le Président togolais, M. Faure Gnassingbé, est à «l'avant-garde» des Etats qui, depuis plusieurs années, ont exprimé leur préoccupation face à la menace du terrorisme en Afrique. Soulignant le «lien croissant» entre groupes terroristes, mouvements sécessionnistes et réseaux criminels impliqués dans le trafic de stupéfiants, la contrebande d'armes, la traite d'êtres humains et la piraterie, le ministre a relevé que ces groupes utilisent de nouvelles méthodes et des techniques avancées, notamment suite à la prolifération des armes libyennes après la chute du régime Khadafi. Tout en reconnaissant les efforts du Conseil de sécurité et des organisations régionales qui ont eu pour effet le démantèlement d'un grand nombre de réseaux terroristes et criminels, ceux-ci demeurent cependant «insuffisants et marqués par l'absence de coordination et de cohésion au moment où ces réseaux continuent de s'étendre vers d'autres régions du continent». La position du Maroc concernant le phénomène du terrorisme est constante, a-t-il dit, rappelant, dans ce contexte, que le Royaume a adopté une stratégie nationale conforme à celle des Nations Unies, illustrant l'engagement du Maroc en faveur notamment des droits de l'Homme, des libertés fondamentales et de la primauté du droit. Il a saisi cette occasion pour réitérer de nouveau le refus du Royaume de tout amalgame entre terrorisme et crime organisé, d'une part, et toute religion, croyance ou groupe ethnique, d'autre part. Au contraire, ce phénomène est un «déni des valeurs religieuses, éthiques et humaines», a-t-il insisté, soulignant le soutien du Maroc à toutes les initiatives visant à renforcer le dialogue et la compréhension entre les civilisations et les cultures. Dans ce contexte, le ministre a lié le succès de la stratégie marocaine en matière de lutte contre le terrorisme à une «approche globale et multidimensionnelle, s'appuyant sur une démarche proactive et des mesures préventives». Une stratégie, a-t-il conclu, qui va de pair avec la poursuite du processus des réformes démocratiques, lancé par le Royaume, érigeant le développement au coeur de sa vision et constituant ainsi «un garde-fou contre les idéologies violentes et le terrorisme».