L'ambassadeur du Maroc à l'ONU, Omar Hilale, a préconisé lundi une approche holistique et une coordination des efforts de la communauté internationale pour lutter efficacement contre la problématique du recrutement des enfants dans les conflits armés, appelant à la prise d'urgence de "mesures fermes" contre ceux qui continuent d'agir au "mépris du droit international et des normes de protection des enfants". La "persistance et l'augmentation du nombre de recrutement des enfants dans les conflits armés, notamment par des groupes armés jihadistes, dont l'Etat islamique, ainsi que l'enlèvement de plus de 200 filles par le groupe terroriste Boko Haram, nous interpellent tous, et appellent à la coordination des efforts de la communauté internationale", a plaidé l'ambassadeur devant le Conseil de sécurité de l'ONU. M. Hilale intervenait dans le cadre d'un débat public de l'Organe exécutif axé sur les enfants dans les conflits armés, en présence notamment de la Représentante spéciale du Secrétaire général, Leila Zerrougui, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, et la directrice executive adjointe de l'UNICEF, Yoka Brandt. L'ambassadeur a appelé, dans ce sens, à des "mesures fermes (qui) doivent être prises, d'urgence, en matière de reddition des comptes, contre tous ceux qui continuent d'agir au mépris du droit international et des normes de protection des enfants", estimant que la "coordination de ces efforts parmi les différentes parties prenantes du système des Nations Unies est un gage d'efficacité et de succès". Cependant, a-t-il dit, la "responsabilité première est, avant tout, celle des parties au conflit qui doivent se conformer à leurs obligations internationales en application des résolutions du Conseil des Sécurité et des Conventions internationales pertinentes". Pour M. Hilale, il est temps que les "crimes contre les enfants dans les conflits armés soient considérés comme des crimes contre l'humanité". Le Maroc se félicite des engagements pris par certains Etats parties à des conflits pour assurer la protection des droits des enfants, des progrès réalisés en matière de libération des enfants soldats des rangs des forces ou groupes armés, ainsi que du nombre croissant de plans d'actions signés ou en négociation en la matière ainsi que des efforts entrepris dans le cadre de la campagne Enfants, non soldats lancée par la Représentante spéciale du Secrétaire général et l'UNICEF. Il a formé le vœu que cette "initiative atteigne ses objectifs de mettre fin d'ici 2016 au recrutement des enfants dans des conflits armés et d'accompagner les initiatives nationales en la matière". Le diplomate a saisi cette occasion, pour rappeler que le Royaume a été parmi les premiers pays à signer et ratifier le protocole facultatif additionnel de la Convention des droits de l'enfant, relatif à la participation des enfants dans les conflits armés et aux engagements de Paris relatifs à cette question. Il s'est, en outre, félicité que l'arsenal juridique du Maroc qui réglemente l'engagement et l'enrôlement militaire soit "pleinement conforme au droit international". Et de souligner à l'adresse de ses pairs que le Maroc "condamne toutes les formes de violences à l'égard des enfants, dont leur utilisation en tant que boucliers à proximité des stocks d'armes ou des baraquements ou leur prise en tant qu'otages ou encore leur recrutement dans les camps de refugiés", tout comme le Royaume condamne "l'attaque des écoles et des hôpitaux ou leurs utilisations à des fins militaires". Tout en se félicitant de ce débat qui a le mérite de "remobiliser toutes les parties prenantes de la communauté internationale", l'ambassadeur a regretté que les "efforts investis jusqu'à présent pour mettre fin à l'utilisation des enfants dans les conflits armés sont insuffisants, tant le Protocole facultatif, additionnel de la Convention des droits de l'enfant, relatif à la participation des enfants dans les conflits armés, le trafic des enfants et leur exploitation dans la prostitution et la pornographie, que les différentes résolutions du Conseil de Sécurité, ou les Principes de Paris n'ont pas pu atteindre leurs nobles objectifs. C'est pourquoi, il a préconisé que les efforts de la communauté internationale pour faire face, "efficacement, à cette problématique" gagneraient à s'inscrire dans une "approche plurielle", qui soit à la fois "globale, à travers une compréhension parfaite des causes profondes et structurelles de ces conflits", "stratégique, traitant non seulement des situations de conflits en cours, mais, également, mettant l'accent sur le volet de la prévention", "transversale, en faisant participer toutes les parties prenantes", "modulable, prenant en compte la nature diverse et évolutive des conflits armés et leurs spécificités". Parallèlement, a-t-il poursuivi, les stratégies nationales de protection des enfants demeurent tributaires des mesures de renforcement des capacités des gouvernements et de la disponibilité des ressources matérielles, financières et humaines permettant de garantir leur pérennité, d'où, a-t-il conclu, "l'importance d'une réponse prompte et généreuse à l'appel du Secrétaire Général dans son rapport, invitant les donateurs à répondre aux besoins de financement pour la mise en œuvre des plans d'actions et programmes nationaux".