Mohamed Yahi fait partie de ceux que l'on peut qualifier, souvent injustement, d'écrivain à ses heures. D'ailleurs, de quelles « heures » cause-t-on, ici ? Et comme pour s'en défendre, si besoin en était, M. Yahi ne parle dans son livre que du temps et avec profusion. Du temps qui s'éternise, qui s'en va, qui nous accompagne ou nous engloutit. Le temps est le sujet incontournable, obsessionnel dans le bien-nommé et exquis roman « Les caprices du temps ». C'est un livre sans doute rédigé et crée dans un contexte de retraite paisible et sereine. Donc un livre écrit pour soi-même et donc une offrande pour les autres. C'est un livre conçu, pensé et mis sur feuilles sous l'arbre d'un jardin, sur fond d'une foisonnante et riche solitude. D'où ce style qui ne ressemble pas tellement aux autres, un style libre, emporté, fignolé, précieux, trop libre même, mais non moins construit, brique par brique, un style serti, comme ce diamant objet inaccessible de son roman ; style issu d'une imagination fertile et bien pétillante pour un écrivain « à ses heures ». Mais la pétillance d'esprit à-t-elle un âge ? Le temps a-t-elle une emprise sur elle, pour revenir à ce sacré Temps ? Avec le temps va, tout s'en va, vraiment ? Bien sûr que non ! « Les caprices du temps » de Mohamed Yahi en sont une démonstration vivante, si ce n'est une démonstration manifestement spontanée et aucunement forcée. Bien au contraire, subtilité et voltige d'esprit habillent et portent haut l'écriture de Mohamed Yahi. En un mot, ce texte est un exercice de style qui ne dit pas son nom. Et le temps n'y est pas pour rien... pour paraphraser l'auteur. Dans ce « conte de fées réel et fascinant qui glisse entre les doigts», selon les mots de Moussa Berrahou, l'auteur écrit et versifie sans lois ni frontières, ni règles de conduite. L'essentiel semble, à la fois avec une plume charmante, comme peut charmer ce serpent lui aussi héros de ce roman, plume précise er simple, est de captiver le lecteur, « pas = pas, dans cheminement didactique et pédagogique pour nous élever à d'autres sphères spirituelles du temps. Comme l'écrit Mimoun Dkhissi da sa préface du livre. Avec amusement et une dextérité à la Raymond Devos, Mohame Yahi rêverait mettre le temps entre ses mains, histoire d'y ou d'en échapper, il le met dans toutes les minutes de son quotidien et le met aussi dans tous ses états... d'âme. Tous ces subterfuges, donc, pour y échapper, au temps, é son emprise, à sa hantise, à ses caprices. Patient comme le temps, l'auteur brode son conte de faits/fées réel à certains relents politiques et existentiels. Un conte, qui règle son compte au temps, parsemé de traits d'humour, de philosophie, d'aphorismes, de moralité et justement des caprices de l'écriture qu'est la sienne. Et, pour ainsi dire, les temps seraient moins durs après la lecture de ce livre léger et profond, joyeux et parfois lourd de sens, philosophique et égrillard. S'il n'accède que peu à son emprise sur le temps, ce qui serait une gageure même pour un surhomme, Mohamed Yahi réussit à maitriser son sujet de bout en bout, avec cette liberté propre aux auteurs peu enchainés par les rouages trop mécaniques de l'industrie littéraire.