Un spectacle mémorable offert par Stromae à l'OLM Souissi lundi 2 juin 2014, avec un record cette année de 183 000 festivaliers. Le chanteur belge d'origine rwandais qui s'est qualifié de timide et de réservé, lors de la conférence de presse organisée à la villa des arts, s'est déchainé sur scène avec tant d'énergie communicatif apparemment, puisque les fans, toutes générations confondues, venus assister à son spectacle, réagissaient en symbiose, au timbre de sa voix mélodieuse changeante en fonction du sens des mots ou paroles. Dire que les valeurs et les moralités profondes font leur lot au Maroc, puisque le chanteur grave son empreinte artistique grâce à la force moraliste de ses paroles, une musique qui parle à tout le monde, une mise en scène sur mesure et des thèmes parfois choquants pour certains. Ce premier concert restera gravé dans sa mémoire et celle des marocains, surtout les milliers d'ados venus l'acclamer, buvant ses paroles, répétant en chœur ses morceaux, au point et à la virgule près. Avant même sa production festivalière en scène au Maroc, il s'est dit impressionné quant à l'ampleur de l'événement et très heureux. Compositeur, parolier, auteur, musicien, la vedette dont les paroles se veulent porteuses de valeurs et de moralité, une sorte de pop moraliste, a fait l'effort d'apprendre quelques mots en arabe, ce qui n'a nullement déplu au public. La morale dans tous les morceaux, cela émane peut-être l'éducation catholique qu'il a eu, dit-il. Au cours du spectaculaire show de sons et lumières, cette figure de proue de la musique francophone, ce jeune passionné a interprété ses tubs : Alors on danse, Papaoutai ou encore Formidable. Applaudi et encensé, Stromae, une personnalité mi Jacques Brel, mi Charles Aznavour, a véritablement conquis les festivaliers en appliquant mieux que jamais la recette qui fait son génie : poser des mots forts sur des beats irrésistibles. Diffuser des messages, c'est ce qu'il fait à chaque fois qu'il compose : cancer, absence d'un père, MST... On peut, comme il dit, danser et chanter simplement sans faire attention au sens des paroles ou interpréter les messages comme on veut. Mawazine est entré dans les cultures des rbatis qui n'hésitent plus à vider les maisons, homme, femmes et enfants, chacun selon ses tendances artistiques. Le public donne d'année en année, au rythme de Mawazine, l'image de gens civilisés, à quelques exceptions près. Pour ce qui est de l'algérien Cheb Bilal, 125 000 festivaliers sont venus l'acclamer à l'espace Nahda. Stromae et Cheb Bilal ont réuni à eux deux plus de 438 000 spectateurs ce soir. D'un continent à l'autre, le festival a également fait la fête avec le « raï éclairé » de Cheb Bilal. Sur la scène orientale de l'espace Nahda, le chanteur algérien a touché un public nombreux venu écouter ses évocations poétiques des problèmes et souffrances des exilés et candidats à l'exil. « J'aimerais revenir chaque année à Mawazine », a déclaré Cheb Bilal sous les applaudissements des 125 000 festivaliers qui ont assisté au concert. Le Théâtre National Mohammed V avait lui-aussi rendez-vous avec une artiste talentueuse en la personne de Mariana Yegros dite La Yegros. Avec sa coupe afro et sa voix lumineuse, la chanteuse argentine a subjugué son auditoire avec des airs de chamamé et de cumbia, qui ont rappelé les ambiances folles des soirées de Buenos Aires... Au Bouregreg, Bixiga 70 a également fait fureur avec plus de 20 000 spectateurs. Le big band originaire de Sao Paulo a proposé une musique emblématique de l'afrobeat avec d'immenses sections de cuivres, des percussions et une créativité à tout va. Une véritable bombe scénique qui a permis au public de côtoyer avec les meilleures sonorités du Brésil ! A Salé, le public a eu droit à une programmation 100 % rap marocain avec la présence de Muslim, référence tangéroise du hip hop et lauréat des Méditel Morocco Music Awards 2014. Longuement acclamé ce dernier a cédé la place à Masta Flow, un rappeur casablancais à la rime redoutable et au flow tranchant qui a fait danser la foule tout au long de sa prestation. Un autre rappeur de Casablanca, Hamid VFF a ensuite brillamment pris le relais et clôt une soirée de folie devant plus de 110 000 spectateurs. Connu pour ses performances exceptionnelles, le chanteur palestinien Abou Nicolas n'a pas failli à sa réputation lors de son concert à La Renaissance. Le public a ainsi découvert émerveillé combien l'artiste excelle dans les styles Shami, les chants d'Alep, les Muwachahates et le chant classique. Au Chellah, la création « Le Chant des Fleuves » s'est poursuivie en présence de la chanteuse turque Çiğdem Aslan dont la musique enveloppante puise son origine au bord du majestueux Euphrate, qui prend sa source sur les hauts plateaux de l'Anatolie. A l'image d'une région traversée par des migrations millénaires, le public est tombé sous le charme de la sublime stambouliote qui a chanté en plusieurs langues, turque, grecque, kurde, bulgare, rom ou ladino. A la clé : une interprétation à la fois libre et vivante qui a surpris l'auditoire. En dehors des sept scènes réparties dans toute la ville, Rabat a aussi vécu cette journée au rythme des spectacles de rue. Les habitants et touristes de passages ont ainsi pu longuement apprécier la magie des percussionnistes des Tambours du Burundi, les arts du cirque de la troupe marocaine Oussama Band, les danses et acrobaties des Indiens de Bollywood Masala Orchestra mais aussi Afouss Baba et ses traditions populaires en provenance du Royaume.