Dans le cadre de son cycle « expositions individuelles », la galerie casablancaise LOFT abrite à partir de 22 mai courant l'exposition des œuvres récentes de l'artiste plasticien de renom Mohamed Tabal. Une opportunité précieuse pour inviter les passionnés d'art à fêter et à vivre le bonheur du sacré et du spirituel en compagnie de cet artiste gnawi qui met à l'honneur le langage sacré des figures et des signes en proposant des œuvres artistiques particulièrement imprégnées de spiritualité et symbolisme. Tabal est en quête des illuminations visuelles qui détournent leurs regards des contingences externes, pour s'intéresser à l'expression du monde intérieur de l'individu, autrement dit, au monde spirituel. Son pouvoir de création est d'une vigueur irrésistible. La violence de ses œuvres incarne la force de l'art africain et fait de cet artiste une figure de proue de l'univers artistique d'Essaouira : « Initié aux rites de possession, il fut par la suite introduit au culte des gnaoua citadins. Mais un jour il reçut le «don» de la peinture; alors une nouvelle vie commença pour lui. « Je tiens le pinceau d'une main ferme, tandis que ma tête s'envole », c'est ainsi que Tabal définit son état quand il travaille sous l'effet de la transe. S'effaçant devant la musique qui le transcende et le pénètre il en devient l'instrument. La peinture s'échappe de lui au rythme du tambour, qui mélange les couleurs avec force et rudesse. Les sujets s'entrechoquent, se composent dans tous les sens. Chaque parcelle est recouverte de symboles, de petits personnages vivant une histoire parallèle. Ici, tout se mêle dans une mysticité étrange et inconnue, où rites, tradition et mémoires collectives ressurgissent et s'emmêlent à la surface de la toile. », écrivait Abdelkader Mana, anthropologue. Et d'ajouter : « Tabal ne compose pas, il se laisse porter au fil de son pinceau sans souci d'esthétisme ou de recherche picturale. L'Art s'exprime sous une forme brute de toute influence ou éducation. Sans a priori, ni complexe, il se montre sous un aspect parfois dur et choquant. Il crie sa vérité, son histoire et celle de ses ancêtres esclaves venus d'Afrique. Le travail de Tabal ne se limite pas à la transe. Il possède aussi une œuvre plus narrative moins spontanée, où à la manière d'un conteur il fait revivre des scènes de fêtes traditionnelles. ». Les œuvres de Tabal dévoilent, à travers une œuvre totale baptisée «transe », encore une fois son univers insolite et haut en couleur où se mêlent icônes, symboles et imageries. Intrinsèquement lié au Maroc spirituel, Tabal présente une « peinture qui dégage un élan, un bonheur. Elle est vivante, elle implique une force. Elle ressemble à un tel enfant. Elle est libre, elle est sauvage. », précise Claude Founet. Par rapport à son expérience picturale, Tabal affirme : « j'essaie à ma guise de donner à voir un monde inédit qui répond à ma nécessité intérieure. L'ultime but de tout artiste, de tout créateur, peintre, sculpteur, musicien, conteur n'est il pas de nous faire aimer l'art pour nous faire aimer notre monde. Je salue vivement et chaleureusement tous les passionnés de mon art spirituel. ». André Malraux , grand critique d'art français, écrivit un jour à Serge Mendjisky « je voulais juste vous remercier d'être un artiste». On a qu'à remercier également Tabal de nous « donner à voir » son monde comme s'il était notre monde, ou notre monde comme s'il était le sien.