L'économiste Ashraf Ghani, arrivé en deuxième position du premier tour de la présidentielle en Afghanistan, s'est dit dimanche «déterminé» à se battre pour l'emporter au second tour, excluant tout accord en coulisse qui pourrait désigner un vainqueur avant l'heure. «Les chiffres montrent qu'aucun candidat n'a gagné au premier tour. Un second tour est donc obligatoire, comme le stipule la Constitution», a déclaré M. Ghani, qui a totalisé 31,5% des voix au premier tour, loin derrière l'ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah, arrivé en tête avec 44,9%, selon les résultats préliminaires publiés samedi. «L'écart entre les deux premiers candidats se réduira une fois les fraudes examinées», a ajouté cet ancien ministre des Finances de 64 ans lors d'une conférence de presse à Kaboul. «Nous sommes déterminés à participer au second tour. Nous croyons toujours fermement en la victoire», a-t-il dit. M. Ghani a également assuré qu'il ne passerait aucun accord secret pour qu'un vainqueur soit désigné avant le second tour, une hypothèse évoquée dans les milieux politiques afghans en raison des inévitables complications, en termes de sécurité et de coût financier, qu'engendrerait l'organisation d'un nouveau vote. «Le vote des Afghans me commande de ne passer aucun accord en coulisse. Nous sommes prêts, les Afghans sont prêts», a dit M. Ghani, arrivé en quatrième position lors de la précédente présidentielle en 2009, avec seulement 2,94% des voix. Son rival Abdullah Abdullah a estimé pour sa part que des «fraudes» avaient entaché le premier tour du 5 avril dernier. «Nous voulons une enquête complète sur les plaintes pour fraudes», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse dans la capitale afghane. «Nous disons depuis le départ que la fraude est notre principal ennemi», a-t-il ajouté, en affirmant disposer de «documents» et de «preuves» montrant qu'en l'absence de fraude, il aurait pu remporter l'élection dès le premier tour. M. Abdullah, 53 ans, était arrivé en deuxième position au premier tour de la précédente élection présidentielle, en 2009, avec plus de 30% des voix. Il s'était retiré après avoir dénoncé, comme nombre d'observateurs, des fraudes massives, entraînant de facto la réélection du président Hamid Karzaï. Le second tour de l'élection pourrait avoir lieu le 7 juin, après publication des résultats définitifs du premier tour, le 14 mai. L'élection désignera le successeur de M. Karzaï, seul homme à avoir dirigé l'Afghanistan depuis la chute des talibans en 2001 et à qui la Constitution interdit de briguer un troisième mandat. Ce scrutin, première passation de pouvoir d'un président afghan démocratiquement élu à un autre, est considéré comme un test majeur pour ce pays pauvre de 28 millions d'habitants déchiré par trois décennies de guerre et qui plongera dans l'incertitude après le retrait des 51.000 soldats de l'Otan d'ici à la fin de l'année.