Adel Imam est la star du cinéma égyptien et arabe par excellence. Pendant plusieurs décennies, il occupait amplement les écrans, grands et petits. Films, téléfilms et feuilletons se succèdent au grand dam du spectateur arabe qui a plein droit à des idoles. Comique puis dramatique, l'acteur a exploité tous les registres avec succès répondant à l'attente d'un large public qui s'étend sur plusieurs nations voire même des continents. Son immense célébrité s'est construite lentement mais surement au fil des années commençant par des rôles très secondaires, peut-être même de la figuration en côtoyant les grands comédiens du cinéma égyptien à l'image d'Ismail Yassine qui reste sa principale idole et qu'il imite sans gène. Exploitant à outrance son corps, du visage aux membres, malgré sa tendance rachitique, Imam est une copie améliorée de Yassine qui, au lieu d'exagérer les gestes et grimaces, préfère les mesurer, évitant la caricature extravagante. C'est surtout cela qui va le distinguer de son idole, passée pour être un clown de l'écran à la grande ferveur du public arabe assoiffé de comédie même loufoque. Maigre et léger, Adel Imam va trouver dans la comédie égyptienne, potentielle dans le temps, son terreau de spectacle en jouant dans plusieurs films, d'abord en noir et blanc puis en couleurs accompagnant professionnellement les techniques cinématographiques de son pays. Mais c'est surtout la pièce de théâtre "L'école des rebelles" ou "Les cancres" (Madrassat Mouchaghibine) qui va le faire connaitre au grand public et le propulser, lui et ses camarades Said Saleh, Younes Chalabi, Ahmed Zaki et Souheir Babili au sommet. Il gagna rapidement le cœur de tous les spectateurs arabes en incarnant un malin étudiant source de toutes les moqueries. Bien qu'inspirée des "Anges aux points serrés" (1967) de James Clavel, la pièce eut un succès retentissant partout et pendant plusieurs décennies. Vient ensuite la période de la maturité avec "L'avocat" (Avocato), réalisé par Raafet El Mihi et produit par Youssef Chahine, une sorte de parodie que la justice égytienne voit d'un mauvais oeil. S'ensuit un procès où l'acteur comme le réalisateur et le producteur sont poursuivis comme des voyous. L'indignation générale et la solidarité internationale en faveur surtout de Chahine, cinéaste occidentalisé, va faire reculer la justice. C'est le début de prise de conscience de la part de l'acteur qui, sans s'attaquer au système, critique les maux de la société. Il fait du phénomène du terrorisme sa cible privilégiée auquel il consacra plusieurs films dont "Le terroriste" et "Al Irhab Oul Kabab". Désormais, il devient à son tour la cible des radicaux en particulier les frères musulmans qui le menacent ouvertement. C'est ce qui explique sans doute son attachement au régime de Housni Moubarak à la recherche d'une protection rapprochée même au moment de la chute de ce dernier. Durant les années 2000, sa popularité décline et finit par condamner, devant la stupeur des jeunes, les manifestations qui conduisent au départ de Moubarak lors de la révolution du 25 janvier 2011. Aujourd'hui agé de 74 ans, Adel Imam vit reculé, partagé entre la maladie et les souvenirs liés sans doute au cinéma et au théâtre de son pays. Tel un "zaim", il a connu ses heures de gloire mais également de déchéance. Filmographie sélective Alzheimer Bikhit et Adila (trois parties : Bikhit w 3adila 1, Algardal wlkanaka, Hello America) Le terroriste (Al irhabi) Antar brandissant son épée (Antar Chail Sifo) Quelques-uns vont chez Lmaadoun deux fois (Albaad Yadhab Lilmaadoun Maratayn) La goule (Alghoul) Ma femme directeur général (Mrati Modir 3am) Voleurs mais gentils (Loussouss Lakin Dorafaa) Amour dans une cellule (Hobb fi zinzana) 24 h amour (24 sa3a hobb) Le tigre et la femme (Annamir wa l ounta) Rajab sur une chaude baraque (Rajab Fawq Safih Sakhin) Un homme qui a perdu sa tête (Rajol Fakada 3aklah) Fais gaffe au kithh (Ihtaris Mina Lkhit) Caravane dans la rue (Karakoun f Chari3) Amateur de problèmes (Ghawi Machakil) Ni vu ni connu (Wala Min Chaf Wala Min Diri) Qui est le voleur entre nous (Min Fina Lharami) Lahlfout (Lahlfout) Bobos Hassan et Morkos Une lettre au Wali (Rissala Ila El Wali) Hamada et Toutou (Hamada w Toutou) Morjane Ahmed Morjane L'Immeuble Yacoubian (film) (3imaret Yacoubian) Le mendiant (Almoutassawel) Ambassade dans l'immeuble (Sefara fi Al3imara) Le terrorisme et le Kebab (Al irhab wa al Kebab)Les oiseaux des ténèbres (Toyour adhalam) Sommeil dans du miel (Al nawme fi al Assal) L'expérience danoise (Attajriba Adanmarkia) L'avocat (Lavocato) L'homme et le Djinn (Al Inss Wa Ljinn) Nous sommes ceux du bus (Ihna Btou3 al Autobus) Pour que la fumée ne s'envole pas (Hatta la Yatira Addokhanne) Le mawlid (Al Mawlid) Jouer avec les grands (Alla3ib ma3a lkibar) Chaabane en dessous du zéro (Cha3bane tahta sifr) L'enfer (Eljahim) Des filles à l'université (Banat fil gam3ah) Hanafi l'aristocrate (Hanafi l'obaha) Le prince des ténèbres (Amir addalam)