Les séparatistes pro-russes de l'est de l'Ukraine se montraient déterminés hier mercredi à faire face à l'opération «antiterroriste» relancée par Kiev alors que le ton monte de nouveau entre Moscou et Washington. «Les organes de sécurité œuvrent à la liquidation de toutes les formations qui agissent actuellement à Kramatorsk, Slaviansk et les autres villes des régions de Donetsk et Lougansk», a assuré mercredi le vice-Premier Vitaly Iarema, cité par l'agence Interfax Ukraine. L'opération avait été suspendue pour Pâques après avoir tourné à la déroute pour les troupes déployées dans la région, certains chars passant sous contrôle pro-russe et d'autres rebroussant chemin après avoir été bloqués par la population. Après quelques jours d'espoir d'apaisement nés de la signature d'un compromis international à Genève, la confrontation a repris le dessus face à l'emprise de plus en plus ferme des insurgés sur la partie russophone de l'ex-république soviétique. A Kiev mardi, le vice-président américain Joe Biden a menacé mardi la Russie d'»isolement» si elle continue de «soutenir» les insurgés. Washington envoie 600 soldats en Pologne Après son départ, Washington a annoncé l'envoi de 600 soldats en Pologne et dans les pays baltes et fait part de sa «profonde inquiétude» face à l'attitude de Moscou. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a répliqué mercredi en estimant que les Etats-Unis «dirigeaient» les actions de Kiev, qui a relancé l'opération «antiterroriste» juste à l'issue de la visite de M. Biden. «Les terroristes qui ont pris en otage toute la région de Donetsk ont franchi la ligne rouge en torturant des patriotes de l'Ukraine», a déclaré mardi soir le président par intérim Olexandre Tourtchinov. «Ces crimes sont commis avec le soutien total de la Russie», a-t-il affirmé. Les deux corps ont été retrouvés samedi au bord d'une rivière proche de Slaviansk. L'un deux a été identifié comme appartenant à Volodymyr Rybak, élu local du parti pro-occidental de Ioulia Timochenko, Batkivchtchina (Patrie), auquel appartient M. Tourtchinov. Conseiller municipal de Gorlivka, dont la mairie est contrôlée par les pro-russes, il avait disparu jeudi dernier après avoir participé à une manifestation en faveur de l'unité de l'Ukraine, selon le ministère de l'Intérieur. «Selon les données de l'enquête, des membres du groupe séparatiste qui ont pris le contrôle des locaux du Service de Sécurité de Slaviansk ont participé à la torture et le meurtre», a écrit le ministère de l'Intérieur dans un communiqué. Contrôlée par des hommes en armes, certains cagoulés et portant armes automatiques et uniformes sans insigne, Slaviansk, ville de plus de 100.000 habitants au nord de Donetsk, est devenue la place forte des séparatistes dans l'Est de l'Ukraine. La situation y était calme mercredi et des hommes masqués, sans arme apparente, montaient la garde devant la mairie cernée de barricades. Son «maire» autoproclamé Viatcheslav Ponomarev, qui a demandé à Vladimir Poutine d'envoyer des troupes russes pour protéger la population des nationalistes ukrainiens, y a décrété un couvre feu depuis dimanche, après une fusillade meurtrière qui a fait au moins trois morts. La tension se fait de plus en vive dans la ville et un journaliste se trouvant sur place pour le site américain Vice News, Simon Ostrovsky est retenu depuis mardi par les séparatistes. M. Ponomarev a confirmé mardi soir qu'il se trouvait dans les locaux des Services de sécurité (SBU), sous contrôle pro-russe, et assurait qu'il allait bien. «Il n'est pas retenu, il n'a pas été enlevé, il n'est pas arrêté», a-t-il affirmé au téléphone devant les journalistes, affirmant parler avec les parents du journaliste. Il «travaille actuellement au SBU», a-t-il indiqué. Le compte Twitter de M. Ostrovsky n'est plus actif depuis lundi et Vice News a indiqué être en contact avec le Département d'Etat américain pour s'assurer de sa sécurité. Lundi, trois photographes (français, italien et bélarusse) avaient été brièvement détenus, leurs papiers contrôlés ainsi que leurs cartes mémoires, avant d'être relâchés. «Profonde inquiétude» des Etats-Unis Washington accuse Moscou d'être derrière les troubles dans l'Est et a produit des photos prouvant la supposée implication des forces russes sur place, ce que dément la Russie. Le Kremlin a en revanche reconnu avoir massé ses troupes à la frontière ukrainienne en raison des tensions dans l'Est. Mardi soir, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a fait part à son homologue russe Sergueï Lavrov de sa «profonde inquiétude» quant au manque de «mesures positives» russes pour mener à une désescalade de la situation. Il a également menacé Moscou de «sanctions renforcées» en l'absence de progrès dans la mise en oeuvre de l'accord de Genève. Signé la semaine dernière entre l'Ukraine, la Russie, les Etats-Unis et l'Union européenne, le document prévoit notamment le désarmement des groupes illégaux et l'évacuation des bâtiments occupés, aussi bien de la part des pro-occidentaux à Kiev que des séparatistes dans l'Est. Mais l'accord est resté lettre morte et les séparatistes ont même étendu leur contrôle sur de nouveaux bâtiments publics.