L'épidémie de la fièvre Ebola en Afrique occidentale est l'une des épidémies qui comporte «le plus de défis» depuis l'apparition de la maladie il y a 40 ans, a estimé mardi l'Organisation mondiale de la santé, alors que le nombre de morts atteint 111. "Il s'agit de l'une des épidémies qui représente le plus de défis à laquelle nous sommes confrontés", a déclaré Keiji Fukuda, vice-directeur général de l'OMS. Au cours d'un point de presse à Genève, M. Fukuda a estimé que la propagation de l'épidémie, qui a éclaté dans le sud de la Guinée, pour s'étendre vers Conakry, la capitale, et le pays voisin, le Liberia, était particulièrement inquiétante. "Nous n'avons pas eu jusqu'à présent d?épidémie d'Ebola dans cette partie de l'Afrique", a déclaré M. Fukuda, dont l'organisation a dépêché des équipes humanitaires sur place. "Ce genre d'épidémie est souvent associé à beaucoup de peur et d'anxiété", a aussi indiqué M. Fukuda. Selon les derniers chiffres publiés mardi par l'OMS, il y a 157 cas au total en Guinée, dont 101 mortels. Soixante-sept cas ont été confirmés par des analyses en laboratoire. Vingt cas ont été enregistrés à Conakry, une ville portuaire. Au Liberia, il y a eu 21 cas, dont 10 mortels. Cinq cas ont été confirmés par un laboratoire. Il y a aussi eu des cas en Sierra Leone, touchant des personnes soupçonnées d'avoir contracté la maladie en Guinée et qui sont mortes au Sierra Leone. Au Mali, il y a 9 cas suspects. Deux tests se sont révélés négatifs. "Nous ne devrions pas accorder trop d'importance aux chiffres", a recommandé Stéphane Hugonnet, un expert médical de l'OMS, qui vient de rentrer de Guinée. "Ce qui est le plus important, c'est la tendance et la propagation de l'infection. Apparemment, il y a un risque que d'autres pays soient infectés, donc, nous devons à tout prix rester vigilants", a-t-il déclaré à la presse. Le virus Ebola a été identifié pour la première fois dans les années 1970 dans ce qui est aujourd'hui la RDC (République démocratique du Congo) . Les épidémies les plus violentes ont affiché un taux de mortalité de 90%, et il n'y a ni vaccin ni traitement. L'épidémie la plus importante à ce jour a eu lieu en l'an 2000, en Ouganda, avec 425 cas, dont la moitié ont été mortels. La fièvre Ebola se traduit par des hémorragies, des vomissements, et des diarrhées. Les chances de survie augmentent pour les malades s'ils sont hydratés. Le virus peut être transmis à l'homme par des animaux sauvages, et d'homme à homme par des contacts directs. Selon les spécialistes, l'isolement des malades confirmés et des cas suspects est l'unique moyen de rompre la chaîne de transmission du virus. Ces développements inquiètent en Afrique de l'Ouest confrontée pour la première fois à une flambée de cette ampleur, contrairement à l'Afrique centrale, qui a connu des épidémies meurtrières depuis la découverte de ce virus en 1976 en (RDC, ex-Zaïre). Plusieurs pays, dont des voisins de la Guinée, ont déployé des équipes sanitaires à leurs frontières et mènent des campagnes de sensibilisation et de prévention.La ministre sénégalaise de la Santé a testé mardi à Dakar le dispositif de prévention mis en place, affirmant que son pays était prêt à faire face "au risque". "Nous avons les éléments qu'il faut pour prendre les mesures en cas de risque Ebola, nous avons un système bien huilé", a affirmé à la presse Mme Eva Marie Coll Seck, à l'issue d'une visite au port et à l'aéroport de Dakar, qui sont parmi les plus fréquentés en Afrique de l'Ouest. Un dispositif de lutte contre la fièvre hémorragique y a été mis en place depuis plusieurs semaines : surveillance épidémiologique accrue, réunions de coordination régulières, déploiement d'équipes sanitaires, arraisonnement de navires venant des pays touchés par l'épidémie, aires d'isolement des cas suspects et messages d'information. Des milliers de touristes, venant principalement d'Europe, séjournent chaque année au Sénégal et l'arrivée du virus Ebola serait très néfaste pour l'économie. Aucun cas confirmé ou suspect n'y a pour l'instant été signalé. Dakar avait fermé le 30 mars ses frontières terrestres avec la Guinée voisine pour empêcher toute contamination.