Trois millions de dirhams, est la somme qu'a accordée la commission d'aide à l'organisation des festivals et manifestations cinématographiques, durant sa première session de l'année 2014. Une somme importante octroyée aux organisateurs de quelques 26 festivals répartis sur tout le Maroc, autour de divers sujets et thèmes. D'autres sommes seront accordées à d'autres festivals prévus pour les mois à venir. Ce chiffre connait une évolution croissante incitant la dite commission à se réunir trois fois par an à l'instar de la commission d'avances sur recettes. Mais qu'est-ce qui justifie une telle floraison? Il y a d'abord la problématique des salles de cinéma dont le nombre est en perpétuelle décroissance et qui n'atteignent même pas la quarantaine de salles. Les festivals présentent dans ce cas une alternative en allant vers le public. La capitale elle-même n'a plus que quatre salles qui ne fonctionnent pas à plein régime. Pire, elles marchent souvent à perte. Le désistement du public a entraîné forcément la disparition des salles. Rien d'anormal dans une équation liant intrinsèquement l'offre à la demande. Tout commerce, et le cinéma est un commerce, doit être rentable. Rabat compte aujourd'hui cinq festivals couvrant divers thèmes attirant un public de plus en plus nombreux. Nombre de spectateurs ne fréquentent les salles de la capitale qu' l'occasion de festivals. La salle «7ème art» en particulier, située en plein centre, est constamment sollicitée par les divers organisateurs. Or la plupart des festivals, même organisés selon des thèmes différents, privilégient le film marocain, court et long, documentaire ou de fiction. D'ailleurs, c'est grâce au produit national que le commerce des films se maintient. Quant aux films étrangers, à part le «Mégarama» qui les commercialise, on n'en trouve plus ailleurs. Ces films étant piratés et diffusés à outrance, découragent toute nouvelle commercialisation dans les salles. A quoi bon se déplacer pour voir un film qu'on a déjà chez soi. Ceci n'est qu'un aspect lié indirectement aux festivals. L'autre aspect est que, pour nombreux d'organisateurs, le festival devient une affaire juteuse à l'instar de la réalisation d'un film qui peut rendre riche un «auteur», du jour au lendemain, sans effort, et même sans risque. C'est ce qui explique que certains réalisateurs marocains deviennent producteurs en même temps dans le but de tirer un maximum de profit, de la phase de réalisation à celle de la diffusion la diffusion. C'est un phénomène qui caractérise notre cinéma. Sur le plan du cinéma , on assiste au même phénomène avec les chasseurs de prime qui reviennent en force profitant de la générosité de l'Etat malgré toute la bonne volonté, la bonne foi et la clairvoyance de la commission. Rien d'étonnant donc à ce qu'une grande partie des organisateurs ignorent tout du cinéma. Car ce dernier occupe, pour eux, une infime place devant....l'argent.