Avec l'affaire des écoutes de l'ancien président Nicolas Sarkozy, pour la justice française, «le jour de gloire est arrivé» ! Onze magistrats français auditionnés par d'autres magistrats, des juges d'instruction, dans le cadre de l'enquête menée sur Me Thierry Herzog, l'avocat de Nicolas Sarkozy, pour trafic d'influence. En d'autres termes, pour savoir si la séparation des pouvoirs est scrupuleusement observée en France. Dans le cadre de l'affaire Bettencourt visant l'ancien président de la République française, les magistrats en charge de l'affaire se saisissent des agendas de Nicolas Sarkozy. Ce dernier est gêné, ces agendas seraient compromettant à plus d'un titre. Ils contiendraient des informations sur une autre affaire, non moins explosive, qui porte également sur des financements électoraux occultes, où apparaît le nom d'un dictateur fou qui siégeait sous une tente à Tripoli, avant d'être réduit au silence. Malgré la précaution ayant consisté à échanger des propos compromettants avec son avocat sur une ligne téléphonique inscrite sous un faux nom, Sarkozy ignorait que même ses conversations n'échappaient pas aux oreilles indiscrètes des enquêteurs lancés à ses trousses. Ils purent ainsi apprendre qu'un haut magistrat, Gilbert Azibert, était en contact avec l'avocat de Sarkozy dans le but de convaincre les magistrats en charge de son affaire de déclarer le contenu desdits agendas irrecevables, en contrepartie d'un coup de pouce pour un poste de conseiller d'Etat à Monaco. La preuve par Azibert de la foi profonde des magistrats français en la «séparation des pouvoirs»? Pour couronner le tout, la ministre française de la justice, Christiane Taubira, a nié être au courant des écoutes visant l'ancien président français, alors qu'elle en avait bel et bien été informée, selon une procédure qu'elle a elle-même instauré à propos des affaires épineuses. Mais il est vrai que cette ministre avait déjà laissé planer un certain flou sur ses diplômes, avant que son cabinet ne soit obligé de ramener les choses à leur juste proportion... Cette même gardienne des sceaux, qui ne dit pas toujours toute la vérité et rien que la vérité, avait aussi «oublié» que son pays était signataire de conventions juridiques avec le Maroc, quand elle a forcément été informée de la convocation du directeur de la DGST marocaine, pour audition, par des magistrats français, dans une affaire d'allégations de torture faites par de petits malfrats. Mais peut être qu'il suffirait de demander aux Français ce que valent pour Taubira les liens de famille, fondement plurimillénaire de toutes les sociétés humaines, pour se rendre compte quelle signification peuvent avoir pour l'actuelle gardienne des sceaux de la République les liens avec un pays ami. On se rend alors compte de l'inversion des valeurs. Après avoir piétiné toutes les conventions juridiques et diplomatiques entre le Maroc et la France, avec le débarquement en force d'agents de police français à la résidence de l'ambassadeur du Royaume, et celles de Vienne, en faisant subir une fouille physique au chef de la diplomatie marocaine dans un aéroport parisien, quelle autre convention, accord ou règle minimale de bienséance serait, prochainement, foulée au pied par nos «amis» de l'hexagone ? Les Français ne manqueraient pas de savourer, en ces temps étranges, l'une des maqamat de l'écrivain perse Badi Zaman El Hamadani, une description en prose d'une époque morose où la folie est appréciée et la raison dénigrée.