Un vieux proverbe marocain dit: «accompagne le menteur jusqu'à la sortie», c'est-à-dire suit son raisonnement jusqu'à ce que les aspects absurde et fictif de ses propos deviennent évidents. Zakaria Moumni, le boxeur qui voulait devenir conseiller ministériel, court à grandes enjambées pour se dévoiler à la lumière crue. Mais il ne fait pas, ainsi, que se dévoiler lui-même. Ce sont tous les magistrats et responsables judiciaires français qui on accordé crédit à ses propos qui vont, de la sorte, passer pour de pauvres nigauds. Dans une lettre ouverte adressée à SM le Roi, Zakaria Moumni détaille un scénario digne des films de Rambo. Plus on lit ce qu'il a écrit sur sa prétendue arrestation par des agents de la DGST, qui l'auraient ensuite incarcéré et torturé pendant quatre jours au siège de cet organisme à Témara, dans la banlieue de la capitale, plus on se demande qui pourrait bien croire en de pareilles inepties. «Le 27 septembre 2010, quatre agents de la DGST m'ont mis les menottes et m'ont bandé les yeux, puis m'ont allongé à l'arrière d'une voiture sur les genoux de l'un d'entre eux et recouvert d'une veste. J'ai été emmené au centre de Témara». Champion, comment as-tu su que tu étais à Témara, si tu avais les yeux bandés et la tête couverte d'une veste à l'arrière d'une voiture ? Pardon, j'oubliais que l'un de tes tortionnaires est devenu ton pote et t'a même généreusement offert une photographie qu'il t'avait prise pendant ton passage à tabac. C'est sûrement lui qui t'as aussi mis au parfum sur ton lieu de séquestration... «Mon pote, tu sais où est-ce que tu es maintenant ? Les «abattoirs» sont sis à Témara, comme ça, quand tu seras dehors, tu pourras le crier sur les toits» ! Ou alors c'est que notre Zakaria a un récepteur GPS incorporé ! Il ne faut pas oublier que c'est un champion. En tout cas, merci de nous apprendre que la DGST est dans un tel manque de moyens que ces agents n'ont même pas de fourgonnette pour embarquer discrètement quelqu'un qu'ils ont appréhendé. Au point qu'ils en sont réduits à l'allonger sur les genoux de l'un d'entre eux et de le couvrir d'une simple veste. C'est qu'ils n'ont même pas de quoi s'acheter une couverture... Ils sont vraiment nuls, ces «Men in black», pour avoir sous-estimé le champion surhumain de boxe thaï. Ils n'avaient pas prévus que «les mains et les pieds ligotés par des menottes à une chaise» et après avoir été «électrocuté, suspendu, tabassés avec des barres de fer sur les tibias et sur les pieds, attaché à une chaise, privé de nourriture, d'eau, de sommeil», ainsi que le champion l'a lui-même décrit, qu'il allait, «à un moment de torture et avec la rage», réussir à «enlever le bandeau sur mes yeux» ! Pieds et poings menottés à une chaise, après avoir été torturé pire qu'à Abou Ghraïb ou Guantanamo, déshydraté et affamé, tel un héros mythologique, le champion surhumain Zakaria a brisé ses menottes et arraché son bandeau... Il faudrait songer à accompagner ce passage de la musique de l'opéra «La chevauchée des Walkyries» de Wagner, pour mieux en souligner l'intensité psychodramatique. Comme les dieux de la boxe thaï ne font rien à moitié, c'était au moment même où le champion surhumain Zakaria a brisé ses chaînes et arraché son bandeau que... «j'ai vu votre directeur de la DGST » ! Le champion surhumain nous laisse, toutefois, sur notre faim. Il ne précise pas s'il a été torturé directement dans le bureau du patron de la DGST. Si le bureau de ce dernier est installé carrément au milieu des salles d'interrogatoire. Ou si c'est seulement par hasard que le patron se payait, à ce moment là, une petite promenade parmi ses « clients », jouissant d'un plaisir sadique à les regarder souffrir. Et ce serait de la sorte qu'il s'est fait repérer par le champion surhumain Zakaria, qui devait bien en connaître les traits, au point de deviner à qui il a affaire, même si ces yeux commençaient à peine à se réadapter à la lumière... «L'affaire» (en fait, laquelle ?) est tellement grave qu'après sa sortie de prison, ou il a été envoyé pour escroquerie, c'est le ministre de l'intérieur «him self» qui le contacte par téléphone et lui déclare, en ligne, que ces tortionnaires sont «intouchables» ! Mohand Laenser, en charge du maroquin de l'intérieur à l'époque des faits, a bien entendu, nié avoir jamais tenu de tels propos au champion surhumain Zakaria. On ne peut s'empêcher, cependant, de se demander, mais quels sont donc ces magistrats qui sont restés à écouter ce genre de sottises ? Zakaria Moumni dit avoir renoncé à sa nationalité marocaine, mais qu'il serait «toujours prêt à (la) recouvrer». De grâce, champion, ne le fais surtout pas ! Comme tu le dis, notre pays n'est pas assez bien pour un champion surhumain comme toi. C'est vrai que sans toi pour conseiller le ministre des sports, le Maroc n'a aucune chance de remporter la moindre médaille, dans quelque discipline que ce soit, mais... on s'en passera ! Champion, il va falloir maintenant expliquer le mystère de tes exploits autant que les incohérences de tes déclarations face à cette même justice française que tu as su si bien berner jusqu'à présent. Des affabulateurs qui essayent de se donner de l'importance en concevant des récits imaginaires dont ils se font les héros, après avoir raté leurs carrière et leurs vies du fait de leurs propres bêtises, il y en a dans tous les pays du monde. Il y en a toujours eu et il y en aura toujours, et ce jusqu'à la fin des temps. C'est le fait de leur prêter attention qui pose plutôt problème. Un autre proverbe marocain dit, «quand un fou parle, celui qui l'entend doit se montrer raisonnable».