Alors qu'il était en partance de l'aéroport Charles de Gaulle pour le Maroc, le ministre marocain des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, a été soumis par la police française à une fouille minutieuse, humiliante. Ce nouvel acte qui a tout l'air d'être prémédité, intervient à un moment où les relations diplomatiques maroco-françaises passent par une sérieuse crise. Après le comportement cavalier à l'endroit du patron du contre-espionnage marocain, voici venu le tour d'un membre du gouvernement, le chef de la diplomatie, de faire les frais de l'arrogance de l'allié stratégique du Maroc qu'est la France. Sans crier gare, la police française a manqué d'égard au responsable marocain, violant les us et usages diplomatiques. Le ministre, qui a pourtant présenté son passeport diplomatique et décliné, avant le contrôle, son identité de ministre marocain des Affaires étrangères, a dû ôter sa veste, sa ceinture, ses chaussures et ses chaussettes. Le titre de ministre des Affaires étrangères d'un pays ami n'a servi à rien et la convention de Vienne de 1961 n'a nullement été respectée. Selon un membre de la délégation accompagnant le ministre, Salaheddine Mezouar s'est vu refuser l'accès à la salle d'honneur et signifier que les autorités aéroportuaires devraient être informées une heure avant l'arrivée du VIP pour ouvrir la salle réservée aux personnalités. Bravo, l'argument est en béton ! Quoi encore ? De hauts responsables français avaient declaré qu'on était en train de travailler pour parer aux dysfonctionnements à l'origine de la brouille maroco-française. On voit bien que leurs efforts sont en train d'aboutir... vers le pire. Mais à quoi joue-t-on en France et quelle mouche a bien pu piquer les pouvoirs publics de l'Hexagone pour démolir par la bêtise ce qui a été édifié, des décennies durant, par le réalisme et la clairvoyance ? L'arrogance, certes ; la nostalgie d'une époque révolue, sans doute.