La grande enquête nationale sur le ressenti vis-à-vis de la corruption sera lancée incessamment, a annoncé le président de l'Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC), Abdeslam Aboudrar. Les résultats de cette enquête devront alimenter les travaux d'élaboration d'une stratégie nationale contre la corruption, a-t-il précisé dans un entretien publié jeudi par le quotidien +Aujourd'hui le Maroc+. M. Aboudrar s'est dit «convaincu», en outre, que l'adoption de la loi régissant la nouvelle instance nationale de probité et de lutte contre la corruption ainsi que les moyens mis à la disposition du combat contre la corruption permettront de réaliser un saut qualitatif et quantitatif en la matière. Dans cette perspective, a-t-il indiqué, l'ICPC a anticipé sur le nouveau statut qu'elle devrait avoir et organisé de nombreuses rencontres nationales avec l'ensemble des acteurs publics et de la société civile pour élaborer une plate-forme du projet de loi organisant cette nouvelle instance qui verra son indépendance renforcée avec des prérogatives élargies, notamment en matière d'enquête et d'investigation. Sur la loi relative à la protection des victimes, témoins, experts et dénonciateurs dans les affaires de corruption, il a soutenu que ce texte, qui garantit l'anonymat du témoin ou du plaignant, est un «signal fort» adressé aux citoyens pour les sensibiliser à l'engagement de l'Etat et du pouvoir judiciaire, lesquels sont déterminés à assurer leur protection, celle de leur famille et de leurs biens, s'ils décident de dénoncer un acte de corruption. M. Aboudrar reconnaît, néanmoins, que les réformes relatives à la prévention de la corruption, qui nécessitent du temps et des efforts continus, ne peuvent donner des résultats que dans le moyen ou long termes. La lutte contre la corruption est une œuvre de longue haleine où la prévention par la sensibilisation et l'éducation sont essentielles et où l'implication nécessaire d'acteurs majeurs, tels que les départements ministériels et autres institutions publiques, peut se heurter à des obstacles et des difficultés qui expliquent parfois les retards dans la mise en œuvre des projets et l'efficacité parfois limitée en termes d'impact, a-t-il expliqué. Parmi ces obstacles, le président de l'ICPC cite le manque de moyens notamment humains pour la gestion d'un grand nombre de projets, les difficultés relatives à l'accès à l'information et à la coordination entre les différents acteurs concernés ainsi que l'implication insuffisante de la hiérarchie qui cause des retards importants et des frustrations décourageantes.