L'adoption des «peines alternatives» dans le code pénal s'avère d'une grande importance dans le contexte de la réforme des systèmes judiciaires dans le monde arabe, ont souligné mardi à Marrakech, les participants à une rencontre internationale sur la politique pénale. Les intervenants dans le cadre d'un colloque sur le thème «Les politiques pénales dans le monde arabe et leur impact sur les systèmes correctionnels: les peines alternatives et l'accompagnement post-carcéral», ont relevé la nécessité de réformer les systèmes correctionnels dans le monde arabe et leur harmonisation avec la conception moderne de cette question ainsi qu'avec les conventions internationales des droits de l'Homme. Les peines correctionnelles privatives de liberté ont prouvé leurs limites et inefficacité, d'où la nécessité de mettre en place des politiques pénales et des systèmes correctionnels intégrés capables de contenir et de lutter contre la récidive et de faciliter la réinsertion professionnelle des détenus, ont-ils ajouté. De son côté, le président du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), Driss El Yazami, a souligné la nécessité de développer les systèmes correctionnels dans les pays arabes à travers la réforme de certains articles du code pénal qui ne sont plus en mesure d'accompagner le processus de réhabilitation des détenus et ne sont pas adaptés avec les principes des droits de l'Homme et du procès équitable. Les peuples arabes sont en quête d'une justice respectueuse de leur dignité et qui soit à la hauteur de leurs aspirations, d'où la nécessité d'intensifier les efforts pour réformer les lois relatives aux libertés et droits des citoyens dont la législation correctionnelle, a-t-il ajouté. M. El Yazami a appelé, à cette occasion, à œuvrer pour faciliter l'adoption des peines alternatives dans les pays arabes. La directrice régionale du «Penal Reform International (PRI) en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (MENA)'', Mme Taghreed Jaber, a appelé, pour sa part, à recourir aux peines alternatives dans les politiques pénales des pays arabes, étant donné que ces peines ont prouvé leur efficacité. Le PRI ne cesse d'appeler à renoncer au recours systématique aux peines privatives de liberté qui ne font qu'augmenter le taux d'encombrement dans les établissements pénitentiaires, a-t-elle ajouté. Mme Taghreed Jaber a souligné que cette rencontre vise à attirer l'attention sur l'urgence d'une évolution du système pénal dans le monde arabe, par la modification des dispositions pénales non conformes aux principes des droits de l'Homme. Ce colloque s'inscrit dans le cadre d'un projet régional mis en œuvre par le PRI dans plusieurs pays dont l'Algérie, l'Egypte, la Tunisie, le Yémen et la Jordanie, visant à renforcer les droits des catégories vulnérables dans les prisons, a-t-elle fait savoir. De son côté, Mohamed Lididi, membre de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus, a souligné que l'adoption des peines alternatives est de nature à réduire le taux de récidive et de la violence. La Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus est un acteur très dynamique dans le domaine de la réinsertion et l'intégration socioprofessionnelles des détenus, a-t-il tenu à rappeler. M. Lididi a appelé à l'accompagnement post-carcéral des détenus et à revoir la question de la détention préventive tout en privilégiant le recours à la liberté provisoire dans le code pénal. Organisé sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, par le CNDH, en partenariat avec la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus et le PRI, ce colloque international a pour objectif de mettre l'accent sur la nécessité de la mise en place d'une politique pénale globale et intégrée à même de prévenir le crime, de réduire le taux de la récidive et de faciliter la réinsertion à travers l'intégration des peines alternatives. Cette rencontre, qui vise également à mettre en relief l'importance d'une prise en charge post-carcérale des détenus, est marquée par la participation d'une vingtaine d'experts internationaux de différents pays. Les participants à cette rencontre débattent de thèmes se rapportant à «l'évolution du système pénal et correctionnel international», des «alternatives aux peines privatives de la liberté, pilier d'une réforme moderne» et de «l'accompagnement post-carcéral dans le monde arabe».