En tournant le dos aux réfugiés syriens livrés à leur sort à la frontière avec le Maroc, les autorités algériennes se contredisent elles-mêmes une nouvelle fois sur leur prétendu "engagement inconditionnel pour la défense des causes justes dans le monde", a affirmé lundi la directrice du Centre international pour le développement et la résolution des conflits (CIDRC), Rowaida Maroue. "Ce manquement du pouvoir algérien à ses responsabilités conformément au droit international est d'autant plus grave qu'il a cru bon fermer les yeux sur la réalité et tromper l'opinion publique en entrainant les relations avec un pays voisin dans une énième crise diplomatique", a déclaré à la MAP cette experte libanaise des droits de l'Homme. Mme Maroue réagissait à l'expulsion par Alger vers le territoire marocain d'au moins 70 réfugiés syriens, dont des femmes et des enfants, abandonnés à leur sort dans des conditions inhumaines avant qu'ils n'aient été pris en charge par la société civile marocaine. "L'on sait pertinemment, rappelle-t-elle, que ce groupe de réfugiés en détresse était d'abord arrivé à l'aéroport international d'Alger en provenance de la Turquie comme l'attestent les cachets dûment apposés sur leurs passeports". "Mais au lieu de se rendre à l'évidence, s'excuser et chercher à réparer le préjudice, les autorités algériennes ont choisi la fuite en avant et la mobilisation des soi-disant militants pour lancer via les médias des appels purs et simples à la rupture des relations diplomatiques avec Rabat", a observé l'experte internationale. Pour la directrice du CIDRC, il est difficile de voir la scène désolante d'enfants, de femmes et de familles doublement victimes de traitements inhumains, en Syrie puis en Algérie, sans avoir à l'esprit la répression continue des manifestations des jeunes sahraouis dans les camps de Tindouf contre les restrictions draconiennes des libertés de circulation, d'expression et des autres libertés publiques et politiques. Elle fait ainsi le parallèle entre l'attitude répressive du régime algérien à l'encontre des réfugiés syriens et le sort réservé, depuis des décennies, à des milliers de civils sahraouis "réduits au silence à l'heure du printemps des peuples pour la démocratie, la participation politique et au développement". "La persistance du statu quo dans la zone de Tindouf nous pousse en tant qu'ONG à appeler les médias arabes et internationaux à porter à bras-le-corps les revendications des jeunes sahraouis pour la liberté et pour une vie digne qui commence absolument par la fin des mesures de fermeture imposées aux camps", a-t-elle conclu. Mardi dernier, le ministère des Affaires étrangères et de la coopération avait convoqué l'ambassadeur d'Algérie à Rabat pour lui faire part de la "forte désapprobation" du Maroc quant à l'expulsion des ressortissants syriens vers le territoire du Royaume. "Tout en appelant l'Algérie à assumer pleinement ses responsabilités, le Maroc a déploré profondément cet acte inhumain, d'autant plus qu'il s'agit de femmes et d'enfants dans une situation de vulnérabilité extrême", selon un communiqué du ministère qui a rappelé l'assistance immédiate apportée aux réfugiés syriens dans la zone frontalière.