Malika Kabab nous a habitués à des recueils aux titres à caractères interrogatifs. Des titres qui éveillent la curiosité du lecteur et l'invitent à y plonger dans leurs contenus, pour y trouver une quelconque réponse... si réponse il y a. Car, pour qu'une quête donnée soit couronnée de succès, elle devrait se baser sur de bonnes questions. Les seules, à même de nous guider vers les aboutissements souhaités, ou du moins à nous placer sur la bonne voie. De tout temps, la nature de l'homme l'a poussé à méditer et à se poser des questions sur soi, sur l'autre et sur ce qui l'entoure en général. Sous cette optique, le poète reste une personne mieux inspirée et ses questions sont souvent plus proches de la réalité et de la sagesse. C'est pourquoi les cinq recueils de Khadija Kabab méritent toutes les attentions et tous les égards qui leurs sont dus. -Qui suis-je (Mane Ana ) ? Ce recueil ressemble à un temps d'arrêt que toute personne doit marquer face au miroir de la vie. Une quête de soi et une façon d'être et d'agir, à même de nous libérer des doutes qui font partie de notre quotidien. C'est aussi des questions légitimes, qui permettent d'atteindre cette Vérité formelle, empirique et existentielle. Qui suis-je ? C'est le début d'une expérience existentialiste. Une quête continue de la vérité ou de ce qui ressemble à l'aboutissement de plusieurs questions déjà posées et qui ont fini par s'imbriquer les unes aux autres. Qui suis-je ? Question existentielle. Quête du Moi, véritable et authentique. Qui suis-je ? Pour mieux connaitre et accepter l'Autre. -Jusqu'à quand (Ila Mata )? Une question qui ressemble à une bouteille jetée à la mer. Une bouteille pour garder espoir ; d'être en mesure de changer les choses autour de soi et de là, changer le monde et l'Etre en mieux. Jusqu'à quand ? Une question toute simple en apparence, mais une question qui porte en ses entrailles le rêve d'un changement, l'espoir en des lendemains meilleurs et en une humanité qui baigne dans un univers de justice et de pardon. -Reviendra-t-il (Hal Sayaôud )? Une sorte de spleen Baudelairien. La quête d'un idéal. Non pas pour revenir vers le passé, mais pour aller vers l'avenir et vers toutes ces incertitudes. Le présent d'aujourd'hui sera le passé de demain et l'avenir, porteur des principes humains, n'est qu'une émanation du passé. Une plate forme qui nous projette vers l'avenir, mais en aucun cas un refuge ou un retour en arrière...vers le passé. -Pour qui (Li mane )? Pour qui je vis ? Pour qui j'écris ? Pour qui je chante ? Pour qui bat mon cœur ? Pour qui je pense ? Qui m'a déçu ? Qui me hante ? Qui est ma Muse ? Qui a changé mon univers ? Qui m'a enseigné ? Qui a m'donné sans compter et sans me demander des comptes en retour ? Une cascade de questions, mais qui sont en rapport étroit avec le Moi et l'Autre, avec l'Ego et l'Alter Ego et qui, au final, parviennent à instaurer une sorte de dialogue soufi entre l'Etre et son Créateur. -Pourquoi se chamailler (Lima l'îtab) ? Une invitation franche à la réconciliation du Moi avec l'Autre. Réconciliation entre l'Homme et son Ego. Malik Kabab est née à El Jadida, a étudié à Casablanca et a travaillé à Kénitra. Dotée d'une formation d'économiste, elle est habituée à l'exactitude scientifique des chiffres et des données. Ses cinq recueils de poésie sont une suite de questions et de questionnements. Une quête de certitude, d'une certaine exactitude. Un tiraillement entre une science, dite exacte et une autre à caractère humain et élastique.