BEYROUTH (Reuters) - Une explosion de forte puissance due à une voiture piégée a ébranlé jeudi après-midi les quartiers sud de la capitale libanaise Beyrouth, bastions de l'organisation chiite du Hezbollah, y faisant cinq morts et 66 blessés. "Le terrorisme vise tout le monde. Il est destiné à créer des tensions intercommunautaires entre Libanais", a dit le ministre de la Santé, Ali Hassan Khalil, après avoir communiqué le dernier bilan. Une source proche des services de sécurité a déclaré que l'explosion était due à une voiture piégée. Des personnes présentes sur les lieux ont déclaré qu'en plus des cinq morts confirmés, les restes carbonisés d'un corps avaient été retrouvés jeudi soir. De source proche des services de sécurité, on indiquait qu'il s'agissait de la dépouille d'un kamikaze. La bombe a explosé peu après 16h00 locales, alors que les rues du quartier de Haaret Hreik connaissaient l'affluence de l'heure de pointe. Des membres du Hezbollah ont tiré en l'air pour disperser des badauds, par crainte de nouvelles explosions, a rapporté un caméraman de Reuters télévision. L'attentat, condamné par diverses communautés libanaises, n'a pas été revendiqué pour le moment. La télévision a montré les restes disloqués et carbonisés de plusieurs voitures et les pompiers cherchant à éteindre les flammes. La déflagration a également endommagé la façade de plusieurs bâtiments. Le numéro 2 du Hezbollah, Naim Kassem, a appelé au calme et à "la formation rapide d'un gouvernement d'union nationale" après des mois de cabinet intérimaire depuis la démission du Premier ministre en mars. "Le Liban est sur la voie de la ruine s'il n'y a pas d'accord politique", a-t-il dit à la chaîne de télévision Al Manar appartenant au Hezbollah. Le chef de la diplomatie libanaise, Adnan Mansour, a appelé la communauté internationale à aider le Liban à juguler les violences et à couper toute aide financière et autres soutiens aux auteurs de tels actes. "Tout le monde doit oeuvrer à tarir les sources du terrorisme. Si ce n'est pas le cas, tout le monde sera pris dans ce tourbillon (...)", a-t-il dit à la chaîne de télévision Al Arabia. La capitale libanaise a connu une série d'attentats à la bombe ces derniers mois, dont un qui a coûté la vie la semaine dernière à Mohamed Chatah, ancien ministre et adversaire du Hezbollah. Ce proche conseiller de l'ancien Premier ministre sunnite Saad Hariri se rendait à une réunion lorsque son convoi a été la cible d'un attentat. En novembre, 25 personnes ont péri dans un attentat-suicide contre l'ambassade d'Iran dans le sud de Beyrouth, et des explosions ont également visé les quartiers du Hezbollah, non loin de là, ainsi que des mosquées sunnites à Tripoli dans le nord du Liban.