Un attentat à la voiture piégée, revendiqué par un groupe islamiste sunnite, a tué vingt personnes jeudi près d'un complexe utilisé par les chiites du Hezbollah libanais, dans la banlieue sud de Beyrouth, a-t-on appris auprès d'une source issue des services de sécurité. Des témoins et des responsables des services de secours ont précisé que l'explosion avait fait 120 blessés et la télévision Al Mayadin a annoncé que plusieurs personnes étaient prises au piège dans des bâtiments avoisinants, aux environs du complexe al Chouhada (des Martyrs) du Hezbollah. Au coeur du site visé par l'attentat, des corps calcinés étaient visibles dans des véhicules frappés par l'explosion. Des incendies continuaient encore une heure après la déflagration et une fumée noire envahissait le quartier environnant, qui est un bastion du Hezbollah. Najib Mikati, le Premier ministre libanais, a décrété que vendredi serait une journée de deuil national. L'attaque a été menée dans le même quartier qu'un autre attentat à la voiture piégée, qui a tué plus de 50 personnes il y a un mois, alors que les tensions confessionnelles sont deplus en plus attisées par l'intervention du Hezbollah chiite aux côtés du gouvernement syrien de Bachar al Assad, contre une rébellion majoritairement sunnite. Les Brigades d'Aïcha, un groupe islamiste peu connu, a revendiqué l'attentat qu'il a présenté comme sa deuxième opération de ce type, dans une vidéo adressée à Sayyed HassanNasrallah, secrétaire général du Hezbollah, principal allié del'Iran chiite dans la région. «Hassan Nasrallah est un agent de l'Iran et d'Israël et nous lui promettons de plus en plus (d'attaques)», dit un homme masqué dans la vidéo qui n'a pas encore été identifiée. Sayyed Hassan Nasrallah a effectué le 2 aout sa première apparition publique depuis septembre 2012 en prononçant dans le sud de Beyrouth un discours devant plusieurs centaines de ses partisans lors d'une réunion de soutien au peuple palestinien. Des habitants du sud de Beyrouth ont expliqué que le Hezbollah était déjà en état d'alerte, et avait accru la sécurité dans la zone, à la suite d'avertissements de rebelles syriens quant à des représailles éventuelles contre l'organisation chiite. Marouane Charbel, le ministre de l'Intérieur, issu de la communauté chrétienne, a lui évoqué d'éventuelles «représailles d'Israël à l'opération de Labouneh», en référence à un endroit dans le sud du Liban o quatre soldats israéliens infiltrés ont été blessés la semaine dernière par des explosions revendiquées par le Hezbollah. Le Conseil de sécurité a «condamné fermement» l'attentat meurtrier commis jeudi dans la banlieue de Beyrouth et a appelé les Libanais à «s'abstenir de toute implication dans la crise syrienne». Dans une déclaration unanime, les 15 membres du Conseil ont «souligné la nécessité de poursuivre en justice les responsables» de ce qu'ils ont qualifié d'»acte odieux». «Les membres du Conseil de sécurité appellent tous les Libanais à sauvegarder l'unité nationale face aux tentatives de nuire à la stabilité du pays», ajoute le texte. Ils soulignent aussi «l'importance pour toutes les parties libanaises (..) de s'abstenir de toute implication dans la crise syrienne, conformément à la déclaration de Baabda» Auoaravant, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a «fermement condamné» jeudi l'attentat qui a fait 18 morts dans la banlieue sud de Beyrouth et appelé les Libanais à l'unité. Selon un communiqué de l'ONU, M. Ban «demande instamment, dans cette période de vive tension, à tous les Libanais de rester unis, de se rassembler derrière les institutions de l'Etat, et de sauvegarder la sécurité et la stabilité» du pays. «De tels actes de violence sont totalement inacceptables et renforcent la détermination de la communauté internationale à continuer de soutenir la sécurité et la stabilité du Liban dans une période de grave tension régionale», ajoute le texte.